Jean-Éric Branaa, de l’IRIS, dévoile comment les tweets de Trump pourraient faire capoter sa réélection

Donald Trump a tweeté à propos de la condamnation de l’un de ses collaborateurs, ce qui a déplu au procureur général américain, William Barr. Jean-Éric Branaa, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), explique au Désordre mondial en quoi son comportement en ligne pourrait porter atteinte à sa réélection.
Sputnik

Le procureur général des États-Unis, William Barr, nommé par Trump et considéré comme proche du Président, a déclaré en interview que les tweets de Trump nuisaient à ses efforts pour gérer le Département de la Justice américaine. Trump s’est insurgé dans un tweet contre la peine de prison de neuf ans, recommandée par les procureurs américains contre son collaborateur et ami de longue date, Roger Stone, condamné pour ses tentatives d’immixtion dans les Présidentielles américaine de 2016 en faveur de Trump.

Jean-Éric Branaa, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et l’auteur du livre Et s’il gagnait encore? (Ed. VA Press), explique que Barr n’est pas le seul collaborateur de Trump à s’emporter contre son comportement en ligne:

«L’ennemi principal de Donald Trump, ce ne sont pas les Démocrates. L’ennemi principal de Donald Trump, c’est Donald Trump. Tout le monde le pense actuellement dans son entourage. Le problème de ses conseillers politiques, c’est qu’il ne dise rien. Qu’il ne bouge pas. Qu’il fasse le Président... Et là, il redouble de tweets et depuis un mois, il n’arrête pas. C’est une suractivité. Et quand on est en suractivité, eh bien on risque le dérapage.»

Trump n’est d’ailleurs pas le seul candidat à sa succession à disposer de ressources importantes. L’argent est roi dans les campagnes américaines et Michael Bloomberg, le milliardaire ancien maire de New York et fondateur de Bloomberg News, se retrouve du coup en troisième place dans certains sondages nationaux. Branaa décrypte ce phénomène:

«Alors, que Bloomberg achète sa place, il n’y a pas de doute. Au moment où l’on parle, il a dépensé 350 millions de dollars [322 millions d’euros, ndlr] en publicité... Il a 1.600 employés qui travaillent actuellement à sa campagne aux États-Unis. Ils sont chacun payés 6.000 dollars [5.535 euros, ndlr] par mois. En plus, ils ont tous une couverture santé.»

Branaa explique comment d’autres candidats du côté démocrate prennent une posture morale contre le rôle de l’argent des grandes entreprises dans leur campagne qui, contrairement aux dons d’individus, est illimité:

«Les entreprises peuvent donner de l’argent. Et là, ce n’est pas limité du tout. On peut donner 2.000 dollars, mais également 20.000 dollars, 200.000 dollars, 2 millions de dollars, ou 20 millions [1.845 euros, 18.450 euros, etc. ndlr], ou plus. Et Pete Buttigieg a dit, “Moi j’ai besoin de cet argent-là”, tandis que Bernie Sanders et Elizabeth Warren refusent les grands capitaux en disant que s’ils donnent beaucoup d’argent, ils attendent quelque chose en retour.»
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