Les ressorts de la dépendance aux jeux d’argent peuvent être expliqués. C’est ce qu’affirme un chercheur dans les colonnes du magazine en ligne Slate ce samedi, en s’appuyant sur des expériences menées sur des souris de laboratoire. Une analyse inspirée de la biologie comportementale.
La boîte de Skinner
Sébastien Chaumont, docteur en mathématiques appliquées et probabilités à l'université Nancy-I, compare les personnes accros au loto avec les souris enfermées dans la boîte de Skinner. Pour cette expérience, une souris est placée au fond d’une boîte munie d’un seul levier, qui fournit de la nourriture. Le chercheur précise alors trois cas de figure dans son article:
- Si le dispositif distribue de la nourriture à chaque fois qu’on l’actionne, alors la souris n’appuie sur le levier que lorsqu’elle a faim.
- Si on débranche le dispositif sans jamais le rebrancher, alors la souris commence à paniquer et appuie compulsivement sur le levier. Puis elle comprend que la nourriture n’est plus distribuée, et n’appuie plus qu’épisodiquement sur le levier pour s’en assurer.
- Si le dispositif est débranché puis rebranché de façon aléatoire et imprévisible, alors la souris appuiera en permanence sur le levier.
C’est ce troisième cas de figure qui se rapproche le plus du comportement des joueurs accros au loto, explique Sébastien Chamont. La souris veut à tout prix «profiter des moments impossible à prévoir où [elle pourra] obtenir de la nourriture».
Les résultats aléatoires mènent aux comportements irrationnels
Le chercheur pointe du doigt «une peur du manque provoquée par le hasard». Il explique que ce sont les résultats aléatoires des jeux de hasard qui amènent les comportements irrationnels, dont la dépendance.
«Offrez sans limite: les gens ne prendront que ce dont ils ont besoin. Ne donnez rien: personne ne viendra vous voir. Donnez un peu, aléatoirement: les gens seront accros», conclut-il.