Un livre, explicitement titré Le Maire et les barbares, revient sur les pratiques clientélistes semblant avoir cours en Seine-Saint- Denis. L’auteur,Ève Szeftel y explique quels centristes de l’UDI ont fait basculer la mairie -jusqu’alors bastion communiste- en nouant diverses alliances avec des religieux radicaux et des repris de justice. Interviewée par Le Point, qui publie les meilleures pages de son ouvrage, Ève Szeftel n’hésite pas à parler de système «quasi mafieux»:
«J’ai recueilli de nombreux témoignages, et ce qui s’est passé est effarant : des opposants passés à tabac, des pressions sur les électeurs y compris le jour du vote…C’est la loi des cités appliquée à la politique. La démocratie aux mains des voyous».
Des liens avec le Gang des Barbares?
La journaliste pointe également du doigt le «double visage» du député de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde concernant l’islam radical. Ce dernier aurait en effet noué des liens avec des salafistes,alors qu’à l’Assemblée il «multipliait les prises de position contre le communautarisme et l’islamisme». En 2014, il avait soutenu publiquement une liste «où le voile islamique tenait le haut de l’affiche» rappelle Le Point.
L’auteur dénonce les accointances entre la mairie et le Gang des Barbares, responsable de la séquestration et du meurtre d'Ilan Halimi en 2006. Ainsi Lynda Benakouche, compagne de l’un des membres du gang, était-elle employée de la mairie,chargée de missions aux politiques urbaines et sociales. Jean-Christophe Lagarde a posé à ses côtés sur une carte de vœux de l’équipe de campagne, selon Le Point.
«Pourquoi est-il resté silencieux? Pourquoi a-t-il pris le risque de voir son image flétrie? Une ombre plane sur la ville» affirme la journaliste dans son livre.
Jean-Christophe Lagarde porte plainte pour diffamation
Dans un droit de réponse publié par Le Point, Jean-Christophe Lagarde a rejeté en bloc les accusations porté contre lui, affirmant n’avoir rencontré Lynda Benakouche qu’à deux reprises et n’avoir découvert qui était son conjoint qu’en 2014.
«On ne peut pas me reprocher d’avoir fondé un Mémorial pour la Shoah avec Simone Veil tout en me reprochant de tremper dans quoi que ce soit avec les salafistes. Mais il y a toujours des imbéciles pour croire aux manipulations, alors qu’il suffit de se pencher sur les faits!» assène-t-il.
Une procédure en diffamation a été engagée à l’encontre du Point comme de la journaliste, déclare également le député dans un tweet. Ce jeudi 13 février, la photo de l’homme politique faisait la une de l’hebdomadaire avec ce titre : «Ces élus qui ont vendu leur âme».