La chute de Griveaux, encore un coup des Russes?

La diffusion de vidéos privées de Benjamin Griveaux défraye la chronique. À l’origine du scandale, Piotr Pavlenski assume et signe une énième polémique. Mais le combo élections et un Russe ne peut vouloir dire qu’une seule chose: c’est l’œuvre de la Main du Kremlin! Et s’il s’agissait simplement de l’œuvre d’un «artiste» en quête de gloire?
Sputnik

Et si la Russie s’échauffait un peu en termes d’ingérence dans les élections en s’attaquant aux municipales de Paris, avant de finir en beauté par les États-Unis? La polémique autour des vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux ne cesse d’enfler. Mais qui a bien pu diffuser le vrai bon profil de l’ex-candidat LREM à la Mairie de Paris? Certains de nos confrères ont déjà leur petite idée sur la question:

​Piotr Pavlenski, un «artiste» russe, réfugié politique en France depuis 2017, a revendiqué être à l’origine de la publication. Contacté par Libération jeudi soir, le performer provocateur explique avoir voulu «dénoncer l’hypocrisie» de Benjamin Griveaux:

«C’est quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire. Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu’ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis Parisien, c’est important pour moi.» 

Pavlenski est connu pour ses performances soi-disant artistiques et engagées, basées pour la plupart sur des automutilations dérangeantes. Après s’être cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riots, s’être enroulé dans des barbelés puis s’être cloué les testicules sur la Place Rouge et s’être tranché un bout d’oreille, tout cela en signe de protestation, le militant, un peu pyromane sur les bords, a mis le feu en 2015 à l’entrée du siège du FSB.

Rebelote quelques mois plus tard, mais cette fois-ci en France: la pyromanie de Pavlenski refait surface, toujours au nom de l’Art. Fraîchement réfugié politique dans l’Hexagone, il n’hésite pas à se lancer dans une nouvelle «protestation» en 2017: la mise à feu d’une succursale de la Banque de France pour «dénoncer le pouvoir de la finance», qui lui a valu une condamnation à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Maintes fois interpellé, jugé, condamné à des amendes et interné en hôpital psychiatrique, Pavlenski a toujours fini par retrouver sa liberté.

La chute de Griveaux, encore un coup des Russes?

Jusqu’en 2016, année où une comédienne l’accuse, lui et sa femme, d’agression sexuelle et porte plainte, il encourt alors jusqu’à 10 ans de prison. Pavlenski quitte précipitamment la Russie pour la France, d’où il dénonce un coup monté. Le pays lui accorde l’asile politique qu’il continue de refuser aux lanceurs d’alertes Assange et Snowden, eux aussi poursuivis dans leur pays, sûrement pour éviter de s’attirer les foudres de l’encombrant allié américain.

Ce 13 février marque donc un nouvel «exploit» paradoxal du militant anti-Poutine: c’est désormais des relents de complots russes qui chatouillent les narines de certains, car manifestement, à chaque scandale– surtout en période préélectorale–, c’est forcément un coup des Russes!

Quoi qu’il en soit, provocateur ou délinquant, ce qui est clair, c’est que Piotr Pavlenski risque de se retrouver poursuivi en justice pour violation de la vie privée, un délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 60.000 euros d’amende.

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