«Juan Guaido appelle à des sanctions internationales contre son propre pays»

Juan Guaido, Président autoproclamé du Venezuela, a été conspué à l’aéroport de Caracas en rentrant de sa tournée mondiale, où il est même apparu aux côtés de Donald Trump lors de son discours sur l’état de l’Union. Décryptage de Maurice Lemoine, journaliste et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, pour le Désordre mondial.
Sputnik

Le Président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, rentre d’une tournée mondiale qui l’a vu prendre des selfies avec Justin Trudeau à Ottawa, puis être présent dans le public lors du discours sur l’état de l’Union de Donald Trump. Ce dernier a cité le Venezuela comme un exemple d’échec du socialisme, malgré le fait que le pays soit aussi sous le coup de sanctions américaines. L’objectif de Guaido serait de pousser d’autres pays à évincer le Président Nicolas Maduro. Mais la pièce est-elle déjà jouée et Guaido est-il le dernier au courant?

En attendant, Juan Guaido est revenu à Caracas sous les huées de la foule. Maurice Lemoine, journaliste et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, explique sa réception houleuse lors de sa rentrée à Caracas:

«Il appelle à des sanctions internationales contre son propre pays. Il appelle quasiment une intervention militaire contre son propre pays. Dans n’importe quel pays du monde, ce serait considéré comme de la haute trahison. En France, il y a l’article 411-4 du Code pénal, c’est 30 ans d’incarcération.»

Lemoine explique que Guaido a perdu le peu de pouvoir dont il jouissait le 23 janvier, n’étant plus président de l’Assemblée nationale depuis cette date:

«L’opposition anti-Guaido, la droite et les Chavistes ont fait tomber Guaido à l’Assemblée nationale.»

Pourquoi Guaido a-t-il donc été reçu par le Président Emmanuel Macron à l’Élysée? L’ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique a son idée sur la question:

«De mon point de vue, c’est pour deux raisons. Un, pour suivre les États-Unis. Malheureusement ça c’est la mauvaise habitude du gouvernement français, y compris des pays de l’Union européenne. Et puis surtout, la France a été l’un des premiers pays (avec l’Espagne) à reconnaître Guaido comme Président. Et donc c’est pour ne pas apparaître comme des irresponsables.»

Lemoine précise que sa réception à l’Élysée «s’est faite en catimini» et qu’il n’y a pas de communiqué officiel ou de photo officielle sur le perron de l’Élysée. Le journaliste revient sur la tentative du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, d’aider le Venezuela à sortir de la crise actuelle, ce qui a suscité la colère de Trump:

«Trudeau avait suggéré à Guaido que s’il voulait sortir de la crise, il fallait utiliser Cuba comme médiateur. Et Trudeau s’est fait taper sur les doigts deux jours après par Donald Trump. Il a dit, “Pas question, Cuba fait partie du problème”.»
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