Le 12 février, BFM Business révélait que le constructeur français allait réunir son conseil d’administration afin de faire une première offre à la multinationale québécoise, afin d’acquérir sa division ferroviaire.
Une offre qui s’élèverait à 7 milliards de dollars, en cash à Bombardier et en actions Alstom à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui reste détentrice de 30% de la branche ferroviaire de Bombardier. Selon la chaîne d’information, le fonds souverain canadien deviendrait par cette opération le deuxième actionnaire, derrière Bouygues, du groupe français.
Bombardier a récemment mis en vente ses deux filiales les plus profitables: l’aviation d’affaires et le transport ferroviaire, afin de purger sa dette colossale de 9 milliards de dollars. Rien qu’en 2019, le fleuron canadien, qui est longtemps resté à la troisième place mondiale de la construction aéronautique, a essuyé sur cette seule activité une perte de 1,6 milliard de dollars américains.
Problème, les Canadiens auraient vraisemblablement l’intention de faire monter les enchères, comme le soulignent nos confères de l’Express. En effet, bien qu’Alstom serait le dernier candidat en lice au rachat de la branche ferroviaire de Bombardier, ses concurrents Siemens et Hitachi ayant jeté l'éponge, l’opération aurait dû être officialisée jeudi matin, lors de l'annonce des résultats 2019 du groupe. Or, ils n’auraient toujours pas répondu à l’offre de leurs homologues français.
Souvenez-vous, à l’automne 2017 on découvrait dans la presse qu’Alstom et le groupe Siemens avaient (déjà) signé un protocole d’accord en vue d’une fusion. Un «rapprochement», négocié en catimini, afin de «faire face à la concurrence» du Chinois CRRC (China Railway Rolling Stock Corp), en créant un «géant européen» du ferroviaire. Un rapprochement dont la pertinence laissait perplexe certains responsables politiques, à commencer par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui confiait aux Échos être «certain que les discussions ont eu lieu au plus haut niveau entre la France et la chancelière» et, qu’en somme, Alstom avait été finalement bradé à Siemens sur l'autel de l'amitié franco-allemande, totem si cher aux yeux d’Emmanuel Macron.
Soulignons que malgré le fait que le carnet de commandes d'Alstom fut bien plus fourni que celui de Siemens et que le siège de la future entité issue de ce mariage «entre égaux» aurait été en France, les termes de la fusion tournaient au désavantage de la partie française sur le long terme, les Allemands conservant seuls le droit de monter au capital.
Rien n’est joué donc, d’autant plus que ce vendredi 14 février, IG Metall, le très puissant syndicat allemand s’est montré sceptique quant aux conséquences d’une telle opération de rachat sur les emplois en Allemagne.
Le syndicat estime ainsi que le gouvernement fédéral a «le devoir de prendre des mesures de politique industrielle dans l'intérêt de ses employés et pour sécuriser la base industrielle», la Deutsche Bahn (équivalent allemand de notre SNCF) étant cliente des deux compagnies et la plus grande usine d’Alstom étant en Allemagne. Reste donc en dernier lieu à savoir quel poids pèsera le volet politique franco-allemand dans cette potentielle future opération.