Le français partage avec l’anglais le statut de langue officielle des JO, selon la Charte élaborée par Pierre de Coubertin. Dans les faits pourtant, son statut est de plus en plus contesté. C’est ce qu’explique un article de Radio-Canada.
Il en ressort que la langue de Molière subit la concurrence féroce de l’anglais, voire du japonais. Les documents officiels ne sont plus traduits et les conférences de presse du Comité international olympique (CIO) se tiennent intégralement en anglais, même lorsque des francophones y sont présents. De même, le français à peu à peu disparu de la signalétique, lors de l’événement.
Un enjeu pour toute la francophonie
Après les premières dérives, constatées lors de l’édition 1996 à Atlanta, un grand témoin avait été nommé pour veiller au respect du français comme langue officielle, lors de chaque édition.Thierry Marx, qui tiendra ce rôle au Japon en 2020, fait part de son inquiétude:
«Je pense qu’il y a une érosion de la langue française, car effectivement, l’anglais est très présent, c’est devenu la première des langues dans le monde du business. Mais la langue française a encore largement sa place. On doit dire que c’est une langue qui a du sens.Ce ne doit pas être une bataille franco-française, mais bien un rassemblement des peuples francophones», déclare-t-il à Radio-Canada.
Un manque de volonté politique
Ivan Coste-Manière, le vice-président de l’Association francophone des académies olympiques dénonce, lui, un manque de fermeté politique sur ces questions.
«La francophonie est aujourd’hui pilotée par la France, mais elle la défend avec mollesse. Au ministère français des Affaires étrangères, rien n’est fait pour défendre la place du français dans le mouvement olympique», explique-t-il au média Francsjeux.
Il affirme d’ailleurs que la nomination d’un grand témoin de la francophonie n’est qu’un «alibi» qui témoigne de la «mollesse, pour ne pas dire de la coupable lâcheté de la force politique».
Paris 2024, une occasion à saisir
La tenue des Jeux olympiques à Paris dans quatre ans pourrait être une occasion de changer de cap. Bien qu’inquiet,Ivan Coste-Manière voit quelques signes positifs dans la façon dont le problème est aujourd’hui abordé:
«Paris 2024 constitue une occasion unique, disons même historique, de remettre la langue française en bonne place au sein du mouvement olympique. Cette occasion ne doit pas être manquée, sinon tout sera perdu. L’équipe de Paris 2024 aborde les choses par le biais de l’héritage. C’est la bonne manière» admet-il.
Paris 2024 pourrait être l’occasion de célébrer «l’héritage de Pierre de Coubertin», trop souvent éclipsé par les logiques du «sport business», conclut-il.