Les députés polonais au Parlement européen n’ont pas laissé sans réponse les propos d’Emmanuel Macron prononcés lors de son déplacement à Varsovie le 4 février et qui visaient la ligne politique du parti de Jaroslaw Kaczynski, Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, écrit Mediapart. Le média rappelle que le chef de l’Élysée avait alors mis les autorités polonaises en garde contre «une résurgence nationaliste en négation des principes politiques européens».
Comme l’indique Mediapart, l’eurodéputé polonais Jacek Saryusz-Wolski, qui avait conduit la liste de la coalition PiS-Alliance-Pologne solidaire aux élections européennes de 2019, a envoyé mercredi 5 février un courriel à l’ensemble de ses collègues parlementaires leur proposant de signer la pétition adressée «au Président E.Macron afin de lui demander d’arrêter la violence des autorités de la République française contre les citoyens».
«Battre des personnes sans défense, leur tirer dessus, utiliser une brutalité injustifiée contre des protestataires qui exercent leurs droits civils à la liberté de rassemblement et d’opposition aux politiques des autorités, violent les droits de l’homme fondamentaux et les principes démocratiques. Tout cela dans son ensemble indique l’abus de pouvoir, la perte de toute mesure, qui transforme souvent révolte légitime en délire destructeur. Ce n’est pas différent du comportement de la police dans les pays totalitaires», dit le texte de la pétition.
Les auteurs de la pétition datée du 30 janvier 2020 estiment entre autres qu’à l’époque soviétique, la France était «un modèle de démocratie» pour les habitants de pays-membres de l'Organisation du Traité de Varsovie alors qu’aujourd’hui «des citoyens en grève» et «des manifestants» font face «à la violence».
«Nous ne nous prononçons pas sur le fond du différend. Elle doit être résolue par les citoyens de la République française eux-mêmes. Mais face à la violence étatique, nous ne pouvons pas rester silencieux», poursuit le texte.
La réponse de la délégation française à Strasbourg
Dans sa lettre envoyée à tous ceux qui avaient reçu l’appel de l’eurodéputé polonais, le chef de la délégation française Renaissance à Strasbourg Stéphane Séjourné décide de «rétablir un certain nombre de faits concernant la situation en France», indique Mediapart.
Mme Séjourné rejette notamment l’utilisation des mots «violence des autorités» et «totalitaires».
«Y-a-t-il en France un effort organisé des autorités visant à porter atteinte à l’intégrité physique des citoyens? Est-il impossible en France pour un citoyen d’obtenir réparation pour un usage disproportionné de la force par les autorités? La France est-elle gouvernée par des individus non élus? Le droit de grève, de manifester, de débattre est-il bafoué dans la rue et dans les médias, y compris publics? Non, bien sûr que non», indique la lettre reprise par le média.
Et d’ajouter:
«La France est un État de droit où l’usage proportionné de la force par les forces de l’ordre est strictement contrôlé et réglementé».
Selon elle, «face à une violence de plus en plus imprévisible et radicale, certains dépositaires de l’autorité publique ont commis des fautes» en réponse à quoi les autorités française ont «lancé dès mars dernier une révision du schéma national de maintien de l’ordre».
La critique des violences policières en France
En pleine mouvement des Gilets jaunes, le Parlement européen a adopté le 14 février 2019 à une large majorité une résolution non contraignante qui condamne, sans directement désigner la France, «le recours à des interventions violentes et disproportionnées par les autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques».
Le 26 février 2019, la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic s’est adressée aux autorités françaises, les appelant à mettre un terme à l’usage du lanceur de balle de défense (LBD) durant les manifestations et les invitant «à mieux respecter les droits de l'Homme lors des opérations de maintien de l'ordre».
Le 6 mars de la même année, le Haut-commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a demandé à la France de mener une enquête sur les cas de violences policières pendant les manifestations des Gilets jaunes. Elle a également comparé la situation en France à celle des répressions violentes au Soudan, en Haïti et au Zimbabwe, où les manifestants «réclament un dialogue respectueux et de vraies réformes».