Au micro de BFM TV, des représentants d’associations pour les droits des animaux et des vétérinaires se sont penchés sur le problème de la nutrition végétalienne pour les chats et les chiens.
Si certains propriétaires choisissent ce régime alimentaire pour leur animal domestique, c’est principalement pour «ne pas participer à l'exploitation animale» et pour ne pas financer cette industrie, explique une spécialiste de l'alimentation végane pour animaux du site Veganimalis.
D’après l’association de défense des animaux L214, les croquettes végétaliennes sont «plus saines que les croquettes bas de gamme faites de déchets d'abattoir et de restes d'équarrissage». Cette déclaration est toutefois contestée par Sébastien Lefebvre, maître de conférences en nutrition animale à VetAgro-sup, le campus vétérinaire de Lyon:
«Aucune étude scientifique sérieuse n'a montré que ces croquettes étaient aussi bonnes que les aliments avec viande.»
Il affirme que la réalité est probablement inverse:
«Tous les mois, des chiens et des chats nourris depuis un an et demi à deux ans avec des aliments végétariens ou végétaliens nous arrivent avec des problèmes de santé et des carences», explique le médecin.
Ce spécialiste a par ailleurs démenti de fausses informations qui mettent en question la qualité des croquettes classiques. Selon lui, l’alimentation animale contemporaine est même capable de contrecarrer certaines maladies.
Des vitamines à ajouter aux plats végétaliens?
En envisageant un régime végétalien pour animaux, il faut prendre certaines précautions, selon Anissa Putois, chargée de communication pour l'association de défense des droits des animaux Peta France. Par exemple, opter pour des produits avec des rajouts de taurine et de vitamine A. Néanmoins ce principe est aussi contesté par Claude Paolino, vétérinaire et nutritionniste à Six-Fours-les-Plages:
«Si l'on doit ajouter de la taurine, de la vitamine A, de la B12 ou de la vitamine D de synthèse alors que le chat a besoin de leurs formes animales, cela fait-il sens de proposer des aliments totalement fabriqués par la chimie?»
Problèmes d’élaboration des aliments
Comme le rappelle Sébastien Lefebvre, en milieu naturel, les félins se procurent les aliments nécessaires d’eux-mêmes.
«C'est d'ailleurs pour cela que souvent, un chat qui vient de chasser une souris commence par lui manger la tête. Dans le cerveau se trouve le DHA, un acide gras de la famille oméga-3. Un régime végétalien ne se décide pas sur un coin de table, ce n'est pas si simple».
Et de poursuivre en précisant que les réactions chimiques lors de la fabrication des croquettes peuvent entraîner «une perte d'acides aminés, de minéraux, d’additifs ou de vitamines»:
«Quand on sait qu'un aminogramme coûte 10.000 euros et quand je vois le prix relativement faible de ces produits, je me pose des questions.»
Questions d’ordre psychologique
André Ménache, vétérinaire et directeur scientifique de l'association Antidote Europe, a quant à lui évoqué un point éthique sur ce sujet.
«Tout comme ce n'est pas naturel de les garder enfermés dans des appartements, ce régime artificiel qu'on leur impose soulève des questions qui dépassent largement le simple cadre de la nutrition», conclut-il.