L’Oiseau de feu des «Saisons russes 2020» fait son nid en France

Le coup d’envoi officiel du festival international des «Saisons russes» a été donné à Paris: Vladimir Medinski, ministre russe de la Culture par intérim, a remis à son homologue français Franck Riester le symbole des «saisons russes», une statuette représentant un Oiseau de feu. Sputnik était présent pour vous à la cérémonie au Théâtre de l’Odéon.
Sputnik

Franck Riester, ministre français de la Culture, a reçu le trophée «L’Oiseau de feu» des mains de Vladimir Medinski, ministre russe de la Culture par intérim.

L’un des ballets qui a triomphé en Europe lors des premières «Saisons russes», il y a un siècle, était le ballet avant-gardiste d’Igor Stravinsky, «L’Oiseau de feu». Ainsi, cette créature mystique a-t-elle été choisie comme symbole de la nouvelle génération des «Saisons russes» à l’international, qui promeut ainsi son image «lumineuse et positive»: l’Oiseau de feu «illumine le chemin» et aide à «sentir plus fortement le souffle de vie et l’infinie transformation dans l’art et la culture», comme le précisent les organisateurs. 

L’Oiseau de feu des «Saisons russes 2020» fait son nid en France
«Les spectateurs des “Saisons russes” auront l’occasion de se familiariser avec presque tous les genres de la culture russe. L’un des évènements centraux sera une exposition rétrospective sur Sergei Diaghilev. C’est lui qui, il y a un siècle, a proposé l’idée des “Saisons russes”», annonce Vladimir Medinski.

Franck Riester a exprimé sa conviction que le festival «approfondira la coopération culturelle» entre la Russie et la France et «ouvrira la richesse de la culture russe au public français»… mais aussi belge et luxembourgeois, puisque le festival propose des évènements dans les trois pays.

En avance sur son temps, Serguei Diaghilev, l’inspirateur des premières «Saisons russes», était vu par les Parisiens de l’époque comme un «révolutionnaire» et un «avant-gardiste», jusqu’à en scandaliser certains. Un siècle plus tard, la Russie présente en France des classiques et des exemples de la grande tradition de l’art scénique russe. «Notre objectif n’est pas de créer un scandale!», se défend Alexeï Lebedev face aux journalistes présents à la conférence de presse de l’ouverture des «Saisons», à la représentation commerciale russe en France. En effet, pour le directeur du festival, «le programme des “Saisons” est tellement riche qu’on peut ne pas voir immédiatement les évènements d’avant-garde». 

L’Oiseau de feu des «Saisons russes 2020» fait son nid en France
«Le patrimoine russe, comme les orchestres symphoniques et l’art dramatique classique, est important pour nous, mais ce n’est pas pour autant que notre culture est figée et que nous n’avons que l’art traditionnel, précise pour Sputnik Alexeï Lebedev. L’art russe que nous faisons venir en France se crée aujourd’hui, sous les yeux de nos contemporains.»

Le directeur des Saisons précise par ailleurs qu’en France, «on mettra un accent très important sur le cinéma russe actuel», avec des noms «dont nous sommes fiers». 

«La Russie est très riche en talents. Nous faisons venir de la danse contemporaine, que le spectateur russe vient également de découvrir. Par exemple, le Théâtre de danse d’Ekaterinbourg se distingue par une chorégraphie assez radicale», nous informe Alexeï Lebedev.

Après son passage au Théâtre du Châtelet au mois de mai, le chef Teodor Currentzis et son ensemble MusicAeterna a donné son accord sur une tournée en Belgique en octobre dans le cadre des «Saisons russes», «ce qui n’était pas prévu» initialement.

«Un autre musicien, Kuzma Bodrov, fait partie des artistes qui font honnêtement leur travail, sans essayer de courir après la gloire. Sa musique faisait partie du spectacle de clôture des “Saisons russes” à Hambourg. Il viendra forcément avec un programme intéressant et moderne», assure Alexeï Lebedev.

Le public russe n’a découvert l’œuvre de Kuzma Bodrov que très récemment, lors du Festival d’art d’hiver à Sotchi. Le jeune compositeur a créé «Ne quitte pas ta planète», son spectacle musical dramatique inspiré du «Petit Prince» de Saint-Exupéry, il y a un an, à la Philharmonie de Tioumen, en Sibérie.

Les «Saisons russes 2020» inaugurées en France au Théâtre de l’Odéon. Reportage
«Quand on aime, on ne compte pas», mais la programmation des «Saisons russes 2020» est particulièrement riche: ce festival d’envergure internationale est soutenu par les États de trois pays francophones –la France, la Belgique et le Luxembourg– et devrait avoir un budget en conséquence.

«Il m’est un peu difficile de citer le budget total des “Saisons”, assure Alexeï Lebedev. On garantit à nos partenaires français la prise en charge de la logistique des troupes. La Fédération de Russie a alloué à ce titre environ 200 millions de roubles [2,93 millions d’euros, ndlr] pour un an.»

À Mulhouse, le premier concert de Saisons russes en France
Le directeur des «Saisons» précise qu’il s’agit d’un budget qui doit couvrir 400 évènements avec la participation de 90 troupes, dont certaines comptent jusqu’à 180 artistes. Cette année, comme il s’agit de la quatrième édition des «Saisons russes», leur renom permet de travailler avec des investisseurs et des sponsors russes privés.

«Néanmoins, un aspect de notre programmation que l’on ne peut pas chiffrer, dans le cadre des contacts des troupes russes avec leurs lieux d’accueil, ce sont les pertes dues à la grève actuelle, le personnel technique ou l’équipement supplémentaire», conclut Alexeï Lebedev.

Avec l’exposition «La Magie de l’Aquarelle», de l’artiste Sergueï Andriaka, présentée dans les murs du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, le Théâtre de l’Odéon reste pour plusieurs semaines l’un des pôles d’attraction des «Saisons russes» en France.

Discuter