Président du parlement de Tobrouk: «En cas d’intervention étrangère, nous ferons appel à nos frères arabes» - exclusif

Aguila Salah Issa, président de la Chambre des représentants de Libye soutenant le maréchal Khalifa Haftar, a exposé dans un entretien exclusif accordé à Sputnik sa vision de la résolution de la crise libyenne.
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Ce n’est pas pour réinstaurer le pouvoir des militaires en Libye que l’opération de l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar est nécessaire à Tripoli, a déclaré dans une interview exclusive à Sputnik Aguila Salah Issa, président de la Chambre des représentants de Libye, siégeant dans l’est du pays.

Président du parlement de Tobrouk: «En cas d’intervention étrangère, nous ferons appel à nos frères arabes» - exclusif

Sputnik: Comment évaluez-vous les derniers événements à Moscou? Pourquoi l’accord n’a-t-il pas été signé?

Aguila Salah Issa: Lors de la rencontre, on nous a proposé un communiqué final auquel le gouvernement russe avait beaucoup travaillé. Pourtant, nous ne l’avons pas signé, parce qu’il faut du temps pour étudier scrupuleusement toutes ses clauses. Beaucoup de conditions sont consacrées dans ce document, et qui plus est, la situation a été aggravée par la présence de la délégation turque.

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Sputnik: Intervenant devant le parlement arabe de la Ligue arabe, vous avez insisté sur la nécessité de signer un accord conjoint de défense des pays arabes et évoqué une éventuelle demande adressée à l’Égypte sur une intervention militaire. Est-ce qu’il y a eu des négociations en ce sens?

Aguila Salah: Pour le moment, nous n’avons pas besoin d’assistance militaire. Mais s’il y a une invasion turque, comme le menace le Président turc Recep Tayyip Erdogan, nous aurons besoin d’aide de la part de l’Égypte ou de l’Algérie, ou d’un autre pays. Il est évident que nous considérons en premier lieu les États arabes.

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Sputnik: Y a-t-il des pays arabes qui se préparent à intervenir dans la situation libyenne en cas d’intervention turque?

Aguila Salah Issa: Je pense que si une intervention turque se produit quand même, aucun des Arabes n’hésitera. La Libye a une riche histoire de coopération glorieuse avec l’Égypte, l’Algérie et d’autres pays arabes. Je pense que les Arabes adopteront une position explicite sur cette question.

Sputnik: Certains craignent qu’une fois au pouvoir, l'Armée nationale libyenne ne réinstaure un pouvoir militaire. Qu’en dites-vous?

Aguila Salah Issa: C’est une erreur. Tout d’abord, l’armée libyenne a déclaré que l’opération à Tripoli était nécessaire pour combattre les groupes terroristes, dont les radicaux sont recherchés aux niveaux local et mondial. Ces individus ont envahi la capitale il y a plusieurs années. Le gouvernement d'«Al Wifak» [gouvernement d'union nationale – GNA, ndlr] s’est retrouvé leur otage. L’armée ne peut pas se tenir à l’écart, la ville devant être libérée. Il a été ouvertement déclaré qu’il n’était pas question d’un coup d’État, ni de l’occupation d’un quelconque territoire, ni d’une intervention aux côtés d’une force libyenne, quelle qu’elle soit. Il ne s’agit que de chasser les groupes terroristes.

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Sputnik: Peut-on donc dire qu’il n’y a pas d’objectif de restaurer le pouvoir militaire dans le pays?

Aguila Salah Issa: Évidemment que non. Nous avons un parlement élu et une Constitution qui régit le processus politique dans le pays. Personne ne parle d’un pouvoir militaire.

Sputnik: Le parlement libyen représente les intérêts de toutes les régions de la Libye? Ne pensez-vous pas qu’une opération à Tripoli puisse affecter les intérêts d’autres régions?

Aguila Salah Issa: La libération de Tripoli, c’est une réponse à l’appel du peuple libyen, surtout de cette partie qui est en captivité. Les gens, le parlement et l’armée réclament la libération de Tripoli.

Sputnik: La communauté internationale dit que le gouvernement d'«Al Wifak» est reconnu au niveau international, alors que vous dites qu’il se trouve en captivité chez des groupes paramilitaires. Comment pourrait-on en sortir pour respecter tant les droits du pouvoir légitime que la position de la communauté internationale?

Aguila Salah Issa: La communauté internationale a adopté un accord politique limitant le mandat d’«Al Wifak» à un an qu’on pourrait proroger d’encore une année. Pourtant, tous les délais ont expiré. Cet accord stipule également que le gouvernement d’«Al Wifak» doit être approuvé par le parlement, ce qui n’a pas été fait.

Sputnik: À la prochaine conférence de Berlin, on s’attend à une division entre différentes forces politiques internationales qui soutiennent différentes parties en conflit en Libye. Est-ce que cela peut empêcher la conclusion d’un accord?

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Aguila Salah Issa:La crise sera désamorcée par un changement de pouvoir politique. La situation pourra se stabiliser dès que l’actuel gouvernement [le GNA, ndlr] sera remplacé. En quatre ans, ce gouvernement n’a rien pu faire. Je pense que cela suffit.

Sputnik: Quel est le sort des ententes que le gouvernement d’«Al Wifak» a conclu avec d’autres pays?

Aguila Salah Issa: Elles [ces ententes, ndlr] n’ont pas de force juridique, des décisions souveraines devant être adoptées en commun avec le Conseil présidentiel [organe exécutif supérieur en Libye, mis en place en vertu des accords de Skhirat, signés le 17 décembre 2015, qui est dirigé par Fayez el-Sarraj, ndlr], mais cela n’a pas eu lieu. Ces ententes n’ont pas été soutenues non plus par le parlement.

Sputnik: Comment évaluez-vous le rôle de la Russie dans le règlement de la crise libyenne?

Aguila Salah Issa:La Russie joue un rôle important dans le règlement de la crise libyenne. Je suis très reconnaissant au Président russe Vladimir Poutine et au gouvernement russe pour l’accueil et l’hospitalité. Beaucoup d’efforts ont été déployés, mais la présence de politiciens turcs a aggravé la situation. Ils ont contribué à l’extension de la crise, et ils n’ont pas de place dans sa résolution.

Sputnik: L’Italie a évoqué l’envoi éventuel de ses troupes en Libye. Ne serait-ce pas le début de multiples interventions?

Aguila Salah Issa: Nous sommes contre toute intervention. Nous ne pouvons pas solliciter une assistance étrangère dans une confrontation avec des Libyens. Quant à l’Italie, le mémorandum maritime signé entre el-Sarraj et la Turquie n’est pas dans ses intérêts. En cas d’intervention étrangère, nous ferons appel à nos frères arabes pour une assistance.

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