Ne dites plus «violences policières», mais «dérives minoritaires»

Gabriel Attal était l’invité de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi matin. L’animateur l’a interrogé sur les «violences policières», un terme que n’apprécie guère le secrétaire d’État qui préfère le terme «dérives»… «minoritaires» qui plus est.
Sputnik

«On parle beaucoup de ces violences policières, à tort ou à raison d’ailleurs. Comment les jeunes peuvent-ils aujourd’hui avoir confiance dans la police?»

L’animateur de RMC met les pieds dans le plat. Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, le grand public est davantage sensibilisé aux violences policières, que ce soit grâce aux médias ou sur les réseaux sociaux. Mais selon Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, le terme de «violences» n’est pas le bon.

«Moi, je ne parle pas du terme "violences policières". Il y a des dérives, on en a vu à travers des vidéos, elles sont évidemment minoritaires. Elles doivent être identifiées et sanctionnées.»

Le plus jeune membre du gouvernement assure que ces dérives sont «inacceptables», que les vidéos qui circulent sont troublantes, et qu’en aucun cas il n’acceptera qu’en France, des personnes refusent de manifester par peur pour leur sécurité. Gabriel Attal martèle toutefois «une totale confiance dans l’institution policière». Il assure que les policiers sont là pour protéger les citoyens au péril de leurs vies, rappelant au passage la mort d’un policier après avoir été volontairement renversé par des voleurs en fuite, à Bron (Rhône).

Mais les images sont là. Christophe Castaner, contraint à en visionner certaines par un journaliste du Quotidien, les a qualifiées de «choquantes» et de «honteuses».

«Dans tous les cas, ce que je fais, c’est de rappeler à ce besoin d’exemplarité. La police peut utiliser la force, mais elle doit le faire de façon proportionnée, adaptée. Il n’y a aucune raison de frapper une personne à terre, c’est une honte», réagit Christophe Castaner auprès du journaliste.

Depuis bientôt deux ans, les mouvements sociaux s’enchaînent en France. Les Gilets jaunes ont vu des éborgnés, des amputés, des «gueules cassés». La grève contre la réforme des retraites a quant à elle mise en lumière des policiers — certes exténués et parfois non formés pour le maintien de l’ordre — frapper et violenter des personnes, même une fois à terre.

Début janvier, l’affaire Chouviat a ému la France et la classe politique. Ce père de famille mort après une interpellation musclée de policiers a engendré colère et interrogations. Une étude sur les techniques de contrôles, plaquage ventral et la clé d’étranglement, responsables de la mort de Cédric Chouviat a été annoncée. Une annonce confirmée par les avocats de la famille du défunt après leur rencontre avec Christophe Castaner le 14 janvier. 

Les syndicats de police s’insurgent contre les critiques du gouvernement sur les violences policières

Dans la même journée, lors du sommet de Pau, Emmanuel Macron a appelé le ministère de l’Intérieur «à faire des propositions pour améliorer la déontologie» des forces de l’ordre accusées de violence. Les syndicats policiers n’ont pas apprécié, les forces de l’ordre étant sous pression après des mois de manifestations.

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