Après le recensement de 318 personnes blessées à la tête lors des manifestations, 25 personnes éborgnées et cinq mains arrachées, Christophe Castaner a fini par qualifier de «choquants» et «honteux» les images de violences policières.
Ni les images qui circulent sur les réseaux sociaux, ni «Dernière sommation», le livre du journaliste indépendant David Dufresne qui récence depuis le début du mouvement des Gilets jaunes le comportement musclé des forces de l’ordre, ni les nombreux reportages sur la question n’ont été commentés (ou tout simplement vus?) par le gouvernement jusqu’à ces derniers jours.
Longtemps fidèle à la ligne conductrice de «l’inexistence de la répression», tracée par Emmanuel Macron il y a un an, lors du Grand débat national, l’exécutif réfute toujours le terme de «violences policières». Mais après la mort de Cédric Chouviat dans le cadre de son interpellation musclée, une goutte qui a fait déborder le vase, les voyants sont passés au rouge. C’est comme si un voile était brusquement tombé et plusieurs hommes politiques en l’espace de quelques jours se sont exprimés sur le sujet. Christophe Castaner prononce enfin les mots-clés, tout en appelant à «être respectueux même face à ceux qui ne le sont pas»: «C’est l’honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l’éthique». Allusion à cette vidéo où l’on voit un policier faire un croche-pied à une femme, pourtant très calme et déjà entourée de plusieurs de ses collègues?
Edouard Philippe, que Laurent Delahousse avait interpellé sur France 2 au sujet de ce geste gratuit, appelle par ailleurs à des «sanctions» en cas d’«usage disproportionné» de la force par les «gardiens de la paix qui ont une mission redoutablement difficile». Tout en appelant par la «solidarité envers les forces de l’ordre», allié à «l’exigence».
Donc, une fois que les réseaux sociaux et les médias ont fait ouvrir les yeux aux ministres, Emmanuel Macron remarque également «des comportements qui ne sont pas acceptables […] ou vus ou pointés» et, depuis Pau, demande au gouvernement «des propositions claires pour améliorer la déontologie»
Sommes-nous face à la «nouvelle doctrine», comme ce tournant a été déjà surnommé?