«C’est un accord historique», a souligné Steven Mnuchin, Secrétaire américain au Trésor, sur Fox News.
Entre les États-Unis et la Chine, on commence à percevoir les premières éclaircies, après un hiver long de deux ans sur fond de guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques du monde. En effet, ce mercredi 15 janvier devrait être signé à Washington D.C. la première partie d’un accord commercial entre les la Chine et les États-Unis.
Il devrait mettre fin à deux ans de tensions commerciales qui ont eu un impact planétaire. Si les détails de cet accord seront révélés au public le 15 janvier, certains points cruciaux sont déjà connus du public: les États-Unis s’engagent à réduire de moitié les tarifs imposés sur les importations venant de Chine, passant donc de 15% à 7,5%. De leur côté, les Chinois vont rouvrir leurs marchés aux exportations américaines, notamment agricoles, et mieux protéger la propriété intellectuelle des entreprises américaines.
La signature de cet accord est un soulagement pour de nombreux observateurs, qui craignaient les conséquences d’une escalade dans ce conflit économique et les répercussions qu’elle aurait pu avoir dans le reste du monde. Cette première phase d’accord vient à point nommé pour le Président américain, qui rentre bientôt en campagne présidentielle, et qui peut se targuer d’avoir tenu sa parole sur une autre de ses promesses de campagne. Mais pour les Chinois aussi, cet accord est une bonne nouvelle, car ils commençaient à vraiment souffrir des tarifs imposés par Washington sur leurs exportations. C’est ce que nous explique plus en détail Jean-Éric Branaa, spécialiste de la politique américaine, chercheur à Institut de Relations Internationales et Stratégiques et auteur du livre sur Donald Trump «Et s’il gagnait encore?», publié aux éditions V.A. en 2019. Entretien.
Sputnik France: La Maison-Blanche parle d’un accord historique: fait-il office de cessez-le-feu ou d’armistice?
Jean-Eric Branaa: «La réponse se situe entre les deux. On voit en tout cas qu’il tombe forcément très bien pour Donald Trump, puisque l’on rentre bientôt en campagne. Après avoir essuyé de nombreuses critiques concernant sa guerre économique, il commence à en récolter les fruits. Après, on peut discuter de la portée de cet accord, mais, au moment de l’ouverture de la campagne électorale de 2020, Donald Trump à l’air de sortir une fois de plus victorieux d’un épisode qui semblait tout de même compromis au début de cette guerre commerciale.»
Sputnik France: Donald Trump et l’économie américaine sont-ils donc les grands gagnants de la conclusion de cet accord?
Jean-Eric Branaa: «Nous n’avons pas encore tous les détails de l’accord, mais à première cela semble être le cas, c’est la suite logique. On va certainement continuer de lui chercher des poux, en disant que l’accord ne va pas assez loin et que ce n’est pas suffisant –comme ça a été le cas avec l’accord ALENA devenu ACEUM– et qui n’apporte pas grand-chose au précédent. Néanmoins, Donald Trump mettra en avant que la bourse réagit tout de même très bien à cet accord et que les perspectives sont plutôt positives, notamment concernant l’agriculture américaine, qui devrait récupérer un marché de 50 milliards de dollars.
On ne connaîtra les détails de cet accord que mercredi, mais il devrait dévoiler des avancées considérables, notamment au sujet de la propriété intellectuelle et sur les transferts de technologies. C’est quelque chose de très important, car c’était un point de désaccord profond entre les États-Unis et la Chine, mais aussi entre les Européens (et nous Français en particulier) et les Chinois.»
Sputnik France: Le timing de cet accord est-il dicté par le calendrier électoral américain?
Jean-Eric Branaa: «Oui et non. L’accord se fait à deux et les Chinois auraient pu freiner davantage la signature de cette première étape, mais c’était aussi leur intérêt de détendre l’atmosphère. C’est d’ailleurs assez malin de la part des Chinois de conclure cet accord en deux fois et de signer la première partie à l’ouverture de la campagne électorale américaine. En donnant de cette façon quelque chose à Donald Trump, cela laisse présager que pour la suite, ils négocieront un peu plus durement. Mais il y a aussi ce fait indéniable que l’économie chinoise était durement impactée par cette guerre commerciale. La croissance chinoise a chuté à 6,2% l’été dernier, ce qui a l’air énorme de notre point de vue européen, mais qui, du côté du marché chinois en pleine expansion, était la source d’importants soucis.
Donald Trump ne compte d’ailleurs dans cet accord “que” réduire les tarifs imposés sur les biens chinois de moitié (soit de 15 à 7,5%). Ce n’est donc pas uniquement les élections américaines qui motivent la signature de cet accord, en tout cas pas pour les Chinois qui ont d’autres considérations à prendre en compte.»