Un écrivain pédophile néanmoins récompensé et défendu refait surface

Le passé semble rattraper Gabriel Matzneff, cet écrivain qui a largement exposé ses exploits sexuels avec des adolescents, allant jusqu’à demander la dépénalisation des rapports avec les mineurs, et qui, après avoir reçu le prix Renaudot essai en 2013, a déclaré que «des écrivains sulfureux et libres» étaient indispensables.
Sputnik

Connu pour avoir ouvertement loué la pédophilie et affiché son goût pour les mineurs des deux sexes, mais perçu un certain temps dans le milieu de l’édition comme un esprit libre, l’écrivain Gabriel Matzneff revient sur le devant de la scène.

Il y est propulsé par la avec la parution d’un livre dont l’auteure évoque sa liaison avec lui quand il avait 50 ans et elle 14.

Il veut dépénaliser les relations consenties entre adultes et mineurs

Critiqué à plusieurs reprises, l’écrivain a toujours adopté la posture de l’hédoniste poursuivi par «les ligues puritaines», allant jusqu’à se comparer aux juifs persécutés pendant la Seconde Guerre mondiale, se disant condamné à porter «l’étoile jaune de l’immoraliste», rappelle Le Nouvel Obs.

Les Légionnaires du Christ ont abusé d'au moins 175 mineurs, selon un rapport interne
Il publie en 1974 une œuvre au titre très clair: Les Moins de seize ans. Il va encore plus loin en 1977 avec une tribune dans Le Monde pour demander la dépénalisation des relations consenties entre adultes et mineurs de moins de 15 ans. La lettre avait été signée par de nombreux intellectuels dont Louis Aragon et Simone de Beauvoir, fait remarquer le journal. Et même si en 1982, son nom est cité dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs, Gabriel Matzneff est toujours célébré dans la presse comme un «séducteur» et «un forçat de l’amour».

Qui plus est, même devenu la cible de plusieurs articles critiques, il reçoit le prix Renaudot essai en 2013 pour Séraphin, c’est la fin!

«Des écrivains sulfureux et libres sont indispensables à la respiration de la nation», avait-il alors déclaré à l'AFP.

D’ailleurs, son livre Les Moins de seize ans est réédité en 2005.

Les temps ont changé

Toujours dans Le Nouvel Obs, le journaliste et écrivain Guy Sitbon dénonce en 1990 le «mépris» de Matzneff «pour les enfants qu’il baise». Mais l’homme est immédiatement défendu par la journaliste Josyane Savigneau qui fait remarquer que «Matzneff ne viole personne, ne force aucune de ces jeunes femmes à partager sa vie amoureuse».

L’essayiste canadienne Denise Bombardier réplique et prend, elle, le parti des victimes.

«Monsieur Matzneff nous raconte qu’il sodomise des petites filles de 14 ans, 15 ans, que ces petites sont folles de lui. […] On sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons, M.Matzneff, lui, les attire avec sa réputation», avait-elle indiqué, citée par Le Nouvel Obs.

Pour ce qui est de la réédition de Les Moins de seize ans, en 2005, l’éditeur Léo Scheer a indiqué qu’aucun problème juridique ne s’était posé alors.

«Je ne suis pas sûr que je publierais ce livre aujourd’hui. Si je le faisais, je l’accompagnerais évidemment d’un avertissement», a-t-il indiqué.

Aujourd’hui la situation est tout autre.

«Les temps ont changé […] C’est terminé pour lui, il est devenu indéfendable», a ainsi déclaré Frédéric Beigbeder, cité par Le Monde.

 

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