À trois mois des élections municipales, le ministre de l’Intérieur a pris une décision qui a suscité une vague d’indignation au sein de la droite comme de la gauche. Elle consiste en l’annulation de l’attribution de leur couleur politique aux candidats des communes dont la population compte moins de 9.000 habitants.
Adressée aux préfets et hauts commissaires, la circulaire -dont une partie a été rendue publique par le Figaro- indique:
«Vous attribuerez une nuance politique lors de l’enregistrement des candidatures, à chaque liste candidate ainsi qu’à chaque candidat de chaque liste, seulement dans les communes de 9000 habitants et plus, ainsi que dans les communes chefs-lieux d’arrondissement, quelle que soit leur population».
Cette mesure avait été évoquée en octobre dernier dans l’Hémicycle, lorsque Christophe Castaner avait énoncé que «l'appartenance politique [de petites communes, nldr] aux grands courants politiques que nous connaissons n'est pas indispensable».
Réaction de la droite
Plusieurs députés de l’opposition ont fustigé l’initiative ministérielle, tout en pointant le caractère inapproprié de cette décision:
«C’est une supercherie totale!», s’est exclamé Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée, cité par Le Figaro. «Ce serait du jamais vu dans la présentation des résultats», a supposé le député Olivier Marleix, en indiquant que les petites communes représentent 96% des villes et 50% du corps électoral. Et d’ajouter: «C’est tout simplement sidérant et très grave».
La situation est considérée comme «un véritable scandale démocratique» par le président des Républicains, Christian Jacob, qui a suggéré que «le gouvernement tent[ait] de dissimuler l’absence totale d’ancrage de LREM et leur défaite prochaine aux municipales», a rapporté le quotidien.
La protestation peut aller au-delà de simples commentaires sur la «grossière manipulation politique destinée à masquer la grande fragilité de LREM dans les territoires», les députés LR acceptant la possibilité de faire appel devant le Conseil d’État et de protester autrement, précise Le Figaro.
Et à gauche
La même émotion règne au sein du Parti socialiste, dont le porte-parole, Pierre Jouvet, a résumé la situation par: «C’est absolument incroyable. Décidément, avec LREM, tout est permis. Tous les vices de la vieille politique politicienne sont utilisés». Il a avancé une hypothèse qui expliquerait l’objectif de la circulaire, laquelle chercherait «à réduire le débat démocratique à un débat national, en gommant leur [celle de LREM, ndlr] défaite électorale annoncée». «Ce n’est pas acceptable!», a-t-il conclu, cité par le quotidien.