Dans la longue liste des professions actuellement en grève, il en est une dont on parle moins, les chanteurs et danseurs d’Opéra. Pourtant, le 17 décembre, sur la place de la Bastille, c’était eux que l’on entendait le plus. Pendant l’après-midi, on pouvait entendre Le Chant des partisans, hymne de la Résistance française durant l’occupation nazie, ou La Marseillaise être entonné par ces artistes afin de dénoncer, eux aussi, la fin de leur régime spécial.
«Notre régime spécifique était pour nous parfaitement adapté: déjà, il est totalement à l’équilibre aujourd’hui, donc il ne coûte rien à l’État», explique une artiste titulaire du chœur de l’Opéra de Paris au micro de Sputnik, avant de poursuivre: «Ce régime prend en compte le fait que nous faisons de très longues études, que nous rentrons tard chez nous et, au même titre que les danseurs, nous utilisons notre corps comme outil de travail. Cela explique que passée la quarantaine, c’est difficile pour nous de continuer.»
Ces grévistes regrettent pour la plupart les performances annulées en décembre, mais ils expliquent bien que s’ils sont là, c’est qu’ils n’ont pas le choix, pour eux et pour la génération suivante.
«J’ai un enfant, j’ai des responsabilités, mais je suis là tout de même. Partir à 42 ans sans rien, ce n’est simplement pas possible. Ne pas exercer notre profession, c’est un crève-cœur, mais si on est là c’est qu’on est vraiment impactés», indique au micro de Sputnik un danseur de l’Opéra de Paris.