Pour les artistes concernés, la réforme des retraites «va couler l’Opéra de Paris»

Les chanteurs et danseurs de l’Opéra de Paris étaient dans la rue le 17 décembre pour dénoncer la fin de leurs régimes spéciaux. Sputnik France était sur le terrain et leur a tendu le micro afin de comprendre l’origine de leur mécontentement.
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Dans la longue liste des professions actuellement en grève, il en est une dont on parle moins, les chanteurs et danseurs d’Opéra. Pourtant, le 17 décembre, sur la place de la Bastille, c’était eux que l’on entendait le plus. Pendant l’après-midi, on pouvait entendre Le Chant des partisans, hymne de la Résistance française durant l’occupation nazie, ou La Marseillaise être entonné par ces artistes afin de dénoncer, eux aussi, la fin de leur régime spécial.

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«Notre régime spécifique était pour nous parfaitement adapté: déjà, il est totalement à l’équilibre aujourd’hui, donc il ne coûte rien à l’État», explique une artiste titulaire du chœur de l’Opéra de Paris au micro de Sputnik, avant de poursuivre: «Ce régime prend en compte le fait que nous faisons de très longues études, que nous rentrons tard chez nous et, au même titre que les danseurs, nous utilisons notre corps comme outil de travail. Cela explique que passée la quarantaine, c’est difficile pour nous de continuer.»
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Depuis le début de la mobilisation le 5 décembre ni opéras ni ballets n’ont eu lieu à l’Opéra de Paris et au Palais Garnier. Ce sont quinze spectacles qui ont été annulés du fait de cette grève. Cela représente un manque à gagner de 2,5 millions d’euros de recettes de billetterie, a expliqué l’institution.

Ces grévistes regrettent pour la plupart les performances annulées en décembre, mais ils expliquent bien que s’ils sont là, c’est qu’ils n’ont pas le choix, pour eux et pour la génération suivante.

«J’ai un enfant, j’ai des responsabilités, mais je suis là tout de même. Partir à 42 ans sans rien, ce n’est simplement pas possible. Ne pas exercer notre profession, c’est un crève-cœur, mais si on est là c’est qu’on est vraiment impactés», indique au micro de Sputnik un danseur de l’Opéra de Paris.

Cependant, la plus grande source d’inquiétude pour ces grévistes, c’est l’avenir même de la profession, qui risque de perdre en qualité, alors que celle-ci fait partie du patrimoine français d’excellence dans les arts.

«On est inquiets pour tout le monde. Si l’on veut garder l’excellence de l’Opéra de Paris, il faut que l’on conserve certaines spécificités de notre régime. Pour l’instant, ça marche très bien, mais ce que le gouvernement nous propose, ça va couler l’Opéra de Paris», regrette une gréviste.  

Cette grève du chœur de Paris est d’ailleurs un phénomène assez rare, c’est «la première depuis 19 ans». Seule institution culturelle concernée par la réforme, le régime spécial de l’Opéra à la particularité d’être l’un des plus anciens en France, puisqu’il date de 1698, sous Louis XIV.

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