Washington veut des explications après la menace d'Ankara de fermer des bases stratégiques

Le ministre américain de la Défense Mark Esper veut des explications d'Ankara après les menaces du Président turc de fermer deux bases stratégiques pour l'Otan en Turquie, rapporte l'AFP.
Sputnik

Interrogé dimanche par une chaîne de télévision turque progouvernementale sur les menaces de sanctions américaines qui visent la Turquie pour son achat de systèmes de défense russes S400, le Président turc a affirmé que la Turquie pourrait fermer «si cela est nécessaire» les bases d'Incirlik et de Kürecik.

Le Pentagone réagit aux menaces turques de fermer la base aérienne d’Incirlik
Or la base aérienne d'Incirlik, située dans le sud de la Turquie, est utilisée depuis des décennies par l'US Air Force pour assurer l'appui aérien des opérations militaires américaines dans la région et, selon les experts, elle abrite une cinquantaine de têtes nucléaires.

La base de Kürecik, dans le sud-est du pays, accueille quant à elle une importante station radar de l'Otan.

«Il faut que je parle avec mon homologue (turc Hulusi Akar, ndlr) pour comprendre ce qu'ils veulent dire et si c'est vraiment sérieux», a déclaré le chef du Pentagone lundi à la presse. «Si les Turcs sont sérieux à ce sujet, c'est une nation souveraine et ils ont tout à fait le droit d'accueillir ou non des bases de l'Otan ou des forces étrangères», a souligné M. Esper qui s'exprimait dans l'avion le ramenant de Belgique, où il avait assisté au 75e anniversaire de la bataille des Ardennes.

«Mais cela devient alors une question qui concerne toute l'Alliance atlantique, ainsi que leur engagement envers cette alliance, si effectivement ils parlent sérieusement», a ajouté le ministre avant de regretter une fois de plus la «direction» prise par Ankara qui paraît s'éloigner de l'Otan pour se rapprocher de la Russie.

Relations turco-américaines

Les relations entre les États-Unis et la Turquie se sont fortement tendues depuis l'achat par Ankara de systèmes de défense russes S400 malgré l'opposition de Washington qui les considère incompatibles avec l'armement de l'Otan.

Les tensions se sont exacerbées lorsque la Turquie a lancé en octobre, contre la volonté de Washington, une incursion militaire dans le nord-est de la Syrie contre les alliés kurdes des États-Unis dans la lutte contre le groupe Daech*.

Le Congrès américain vient d'approuver une loi de financement militaire des États-Unis pour l'exercice 2020 dans laquelle ils ont introduit l'obligation d'imposer des sanctions économiques à Ankara pour répondre à l'achat des S-400 russes.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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