À l'issue d'environ dix heures d'interrogatoire au tribunal de Paris, M. Bayrou, 68 ans, a été mis en examen par les juges d'instruction Charlotte Bilger, Bénédicte de Perthuis et Patricia Simon, chargées de cette enquête qui ébranle depuis plusieurs semaines le parti centriste.
Très combatif, il a répondu point par point à toutes les questions qui lui étaient posées, selon des sources concordantes.
«Cette mise en examen, annoncée à l'avance dans les journaux, a été décidée à l'encontre de tous les éléments de preuves produits», a réagi auprès de l'AFP Me Pierre Cornut-Gentille, avocat de M. Bayrou. «La suite de l'instruction démontrera qu'elle est totalement infondée», a-t-il ajouté.
Les magistrats cherchent à déterminer si des assistants parlementaires, qui travaillaient aussi à temps partiel pour le MoDem, ont réellement effectué les tâches financées par les crédits européens ou si ce montage servait à financer frauduleusement la masse salariale du parti.
Elles soupçonnent M. Bayrou d'être responsable de l'ensemble du système présumé reproché au parti centriste.
Une douzaine de responsables du mouvement ont déjà été mis en examen depuis la mi-novembre dans cette affaire, dont l'ex-eurodéputée Sylvie Goulard, l'ancien garde des Sceaux Michel Mercier ou le directeur financier du parti Alexandre Nardella.
La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez a été mise en examen le 4 décembre pour «détournement de fonds publics» pour le contrat d'une ancienne assistante. Pour cinq autres contrats suspects, elle a été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
L'enquête porte essentiellement sur la législature 2009-2014 mais aussi, dans une moindre mesure, sur les législatures antérieure et postérieure. À ce stade, neuf anciens eurodéputés MoDem se trouvent dans le viseur de la justice.
François Bayrou, qui a toujours nié tout système d'emplois fictifs, a relativisé la semaine dernière ces poursuites, déclarant que «tout le monde» était «mis en examen ou à peu près dans la vie politique française».