Depuis 2017, la ville de New York a mis un point d’honneur à mettre fin au phénomène des sans-abris. Son programme Special One-Time Assistance (SOTA) consiste à payer le loyer à des familles sans domicile pendant un an, à New York ou ailleurs. Ras Baraka, le maire de Newark, a porté plainte contre celui de New York, Bill de Blasio, pour mettre fin à cette situation de «migration forcée», rapporte l’agence de presse Reuters.
Depuis le début du programme, la ville de Newark a en effet accueilli plus de 1.000 familles. Le maire dénonce une situation où ces familles se sont vues proposer «une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser». Alors qu’ils pensaient rester à New York, elles se voient rapidement proposer des appartements loin de la Grande pomme, souvent dans des villes moins chères, dans le New Jersey, l’État voisin. New York se serait ainsi débarrassé de près de 3.000 familles, dont 2.200 ont été placées dans le New Jersey, ont rapporté plusieurs médias américains.
Selon Ras Baraka, la ville de New York a ainsi violé les lois fédérales du commerce. Les sans-abris auraient fait l’objet de pressions de la part de l’administration pour emménager rapidement dans des logements hors de la ville, payés pour un an par le SOTA. Ils étaient poussés à chercher un logement dans le New Jersey, dans des villes comme Newark ou Patterson, car c’est là que les logements étaient accessibles le plus rapidement.
Pour l’administration new-yorkaise, ce procès fera plus de mal que de bien aux familles qui cherchent un logement.
«Ceci est injuste, hypocrite et ne constitue rien de moins qu'une discrimination fondée sur le revenu. Nous continuerons à nous battre pour faire en sorte que les familles aient le droit de chercher un logement stable et sûr», a déclaré Avery Cohen, l’attaché de presse adjoint de Bill de Blasio, cité par Reuters.
Des logements insalubres
Le programme SOTA avait tout pour plaire: sortir des familles du système des refuges new-yorkais pour les loger dans de vraies habitations et leur laisser un an pour se remettre sur pied. Pourtant, des témoignages sont apparus dans les médias new-yorkais, comme WNYC et CBS New York: beaucoup de familles étaient logées dans des appartements délabrés, parfois sans électricité, ni eau ou chauffage.
Comme le relate un journal local, certains propriétaires ont profité du programme. Payés pour l’année à venir par le SOTA, ils pouvaient se permettre de laisser le logement en l’état et ne procéder à aucune réparation. Logés gratuitement, les nouveaux locataires n’avaient aucun moyen de faire pression sur eux. La ville de New York devait procéder à des inspections, mais celles-ci n’ont jamais eu lieu. Après un an, certaines familles sont revenues dans un refuge pour se laisser le temps de trouver «n’importe quoi d’autre».