Le 18 novembre dernier, le Comité de lutte contre l’infection nosocomiale, envoyait un courrier inquiétant à 90 patients du centre de lutte contre le cancer de Villejuif:
«Vous êtes venu à l’institut Gustave-Roussy le 10/04/2019 et vous avez été possiblement en contact avec une personne chez qui vient d’être découverte une tuberculose pulmonaire.»
Heureusement pour eux, le risque de contamination est qualifié de «très faible», la transmission de la maladie nécessitant «un contact proche et prolongé avec la personne contagieuse».
Reste que cette affaire est symptomatique d’un phénomène inquiétant qui se développe ces dernières années en France: celui du retour de la tuberculose. D’après nos confrères de L’Obs, «le nombre de cas déclarés a bondi de plus de 8% entre 2015 et 2017, passant à près de 2.000 cas».
La tuberculose est une maladie infectieuse qui provoque des symptômes divers. Dans l’imaginaire collectif, elle est associée à une grave toux pouvant parfois être accompagnée de crachements de sang. Cette maladie touche particulièrement les pays pauvres. En France, elle avait reflué pendant des décennies… jusqu’à ces dernières années.
Pas de panique… mais
Récemment, plusieurs cas ont été relatés par le presse. Le 19 novembre, Le Parisien informait qu’un élève de maternelle de Valenton, dans Val-de-Marne, avait été diagnostiqué comme malade de la tuberculose. Un dépistage de masse a été ordonné dans la foulée, provoquant une grande inquiétude parmi les parents d’élèves.
«Le protocole de dépistage est très rôdé. L’organisme qui s’en charge intervient en moyenne dans une école par mois pour le Val-de-Marne», a expliqué au Parisien une mairie, se voulant rassurante.
L’Ile-de-France est particulièrement touchée. C’est la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France qui occupe la première marche du podium avec 25 cas pour 100.000 habitants. Paris «inquiète les spécialistes» selon L’Obs, qui note «16,8 malades pour 100.000 habitants en 2017, contre 13,5 pour 100.000 en 2015.
«Même si on ne peut pas parler de flambée, nous sommes face à une augmentation significative qui nous préoccupe beaucoup», a confié à l’hebdomadaire le Dr Luc Ginot, directeur de la Santé publique au sein de l’Agence régionale de Santé (ARS) Ile-de-France.
Comment expliquer un tel phénomène? Les raisons sont multiples, mais la principale demeure la pauvreté. Cette dernière, en augmentation France, fait office de terreau idéale pour graines tuberculeuses.
Le taux de pauvreté a connu une hausse de 0,2 points en 2018, passant à 14,3% de la population, soit 9,1 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté. L’indice de Gini qui a été conçu pour mesurer les inégalités a quant à lui connu sa plus forte progression en huit ans.
Agnès Lepoutre, épidémiologiste et responsable de la cellule Ile-de-France chez Santé publique France, a ainsi expliqué à L’Obs que la tuberculose frappait en priorité «les plus précaires, les SDF, les migrants récemment arrivés sur le territoire». Depuis la crise migratoire qui frappe l’Europe, ces derniers, arrivés particulièrement nombreux en France depuis 2015, viennent parfois de pays particulièrement affectés par la tuberculose.
L’Ile-de-France serait particulièrement touchée du fait des «difficiles conditions de vie en région parisienne, où se trouvent plus d’un tiers des bidonvilles de France», toujours selon Agnès Lepoutre, s’exprimant auprès de L’Obs. Le ministère de la Santé est loin de céder à la panique. Aucun retour au vaccin obligatoire n’est envisagé comme c’était le cas jusqu’en 2007, où les Français se voyaient injecter le bacille de Calmette et Guérin ou BCG.
Luc Ginot, auprès de nos confrères de L’Obs, se veut rassurant sur le fait que l’ARS soit «très vigilante». Il se veut tout de même rassurant:
«La tuberculose ne s’attrape pas comme la grippe, qui se transmet très facilement. Quelques cas nous sont remontés chez des étudiants, des personnels soignants, mais le gros de l’épidémie concerne une population en situation de pauvreté, de précarité, d’habitat surpeuplé. Ce ne sont pas des cadres travaillant dans des banques internationales qui ont la tuberculose.»
Les conclusions d’une nouvelle étude courant 2020 auront pour but de mieux adapter la politique de santé publique vis-à-vis de la résurgence de la tuberculose en France. En attendant, si vous pensez être touché par cette maladie, il est nécessaire de consulter le plus rapidement possible un médecin afin d’éviter de gros dégâts. Et, comme l’a rappelé l’AFP, la recette partagée des milliers de fois sur Facebook depuis le début de l’année qui préconise de la purée de banane et du miel en guise de traitement n’est évidemment pas à prendre au sérieux.