Le gazoduc Force de Sibérie aura un jumeau

Moscou et Pékin ont lancé le gazoduc Force de Sibérie (Sila Sibiri en russe) qui transportera 38 milliards de mètres cubes de gaz par an depuis les gisements de Kovykta et de Tchaïanda jusqu'à la ville chinoise de Heihe.
Sputnik

Toutefois, il s'est avéré dès l'étape de la construction que cela ne suffirait pas à l'économie chinoise en pleine expansion: les ouvriers de Gazprom reprendront donc prochainement leur travail.

Le projet Force de Sibérie est primordial pour la nouvelle politique gazière russe. Si, par le passé, l'Europe était considérée comme le marché principal, à présent l'attention se tourne de plus en plus vers l'Asie - et la Chine en particulier. Cela permet non seulement de dégager des revenus élevés, mais également d'exploiter activement les gisements sibériens.

L'histoire du projet

En octobre 2012, Vladimir Poutine a chargé Gazprom de préparer un projet de gazoduc de Iakoutie à Khabarovsk et à Vladivostok. Le holding gazier a lancé un appel d'offres, remporté par Force de Sibérie.

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En mai 2014, Gazprom a signé avec la chinoise CNPC un contrat pour la fourniture de 38 milliards de mètres cubes de gaz par an pendant 30 ans pour 400 milliards de dollars.

Un acompte de 25 milliards avait été décidé pour financer la construction du gazoduc Force de Sibérie. Cependant, Gazprom y a finalement renoncé afin de ne pas réduire le tarif du gaz.

Le gazoduc part du gisement de Kovykta, au Nord-Ouest du Baïkal, continue jusqu'au gisement de Tchaïanda près de la Toungouska inférieure, tourne vers l'Est et traverse l'Amour près de Blagovechtchensk. Pour une longueur totale de plus de 3.000 km. Son exploitation à part entière est prévue pour 2025. D'ici là, Gazprom enverra aux partenaires chinois 10 millions de mètres cubes de gaz par jour.

Les Chinois en ont besoin

Les experts indiquent que pour la Chine ce gazoduc revêt une importance stratégique car il diversifie les itinéraires de fournitures. Auparavant, le gaz était acheminé uniquement via le gazoduc Turkménistan-Chine lancé en 2009, ainsi que sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL).

«Il s'agit du premier gazoduc entre la Russie et la Chine. D'un côté, il permettra d'élargir les fournitures de gaz naturel sur le marché le plus dynamique du monde, qui affiche une croissance annuelle à deux chiffres. D'autre part, il ouvrira à la Chine un accès à des fournitures russes stables et répondra à ses besoins grandissants. Notamment dans les régions qui, pour le moment, ne peuvent pas recevoir de gaz importé et, par conséquent, souffrent extrêmement de la grande part de charbon dans la balance énergétique», a déclaré à Sputnik Alexeï Grivatch, directeur général adjoint de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale.

La grande demande en gaz en Chine ne s'explique pas seulement par la forte croissance du développement économique, mais également par les problèmes environnementaux. Le fait est que la grande majorité des entreprises énergétiques du pays fonctionnent au charbon - d'où le fameux smog d'hiver à Pékin et dans d'autres grandes villes.

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L'ampleur de la production industrielle en Chine est colossale, et le pays ne saurait se passer des importations de gaz. Et la Russie lui semble le partenaire le plus pratique. C'est pourquoi les experts ne doutent pas que les choses ne se limiteront pas à Force de Sibérie.

Sila Sibiri 2

Il y a un an déjà, pendant le Forum économique oriental, Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping avaient chargé les spécialistes des institutions compétentes de mettre au point dans les plus brefs délais le nécessaire pour la construction d'un gazoduc sur l'axe occidental Altaï, également appelé Sila Sibiri 2 (Force de Sibérie 2).

D'après le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak, cette ligne augmenterait les fournitures de 30 milliards de mètres cubes par an et rapporterait à la Russie plus de 300 milliards de dollars en 30 ans.

Cependant, cela ne suffira pas non plus à la Chine. D'après le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, d'ici 2035 la Chine aura besoin de 80-110 milliards de mètres cubes par an.

Les producteurs russes de GNL et la Route maritime du Nord permettront de remplir cette tâche. D'ici 2023, Gazprom et Rusgazdobycha termineront la construction de l'usine Baltic LNG près d'Oust-Louga dans la région de Saint-Pétersbourg. Sa capacité prévue est de 13 millions de tonnes par an (un peu plus de 19 milliards de mètres cubes après regazéification).

Les projets de Novatek sont encore plus nombreux. La compagnie construit actuellement l'usine Arctic LNG 2 sur la péninsule de Gydan, d'une capacité de 19,8 millions de tonnes de GNL par an. La première ligne sera lancée en 2022. L'intérêt de Pékin pour sa production est évident, car 20% de l'entreprise appartiennent à CNPC.

Puis la compagnie construira Arctic LNG 1 dans le district de Iamalo-Nénétsie. Selon le patron de Novatek, Leonid Mikhelson, cela permettra de fournir près de 20 millions de tonnes de GNL supplémentaires par an.

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