Ce n’est pas la Russie ou la Chine, mais le terrorisme qui est l’ennemi commun de l’Otan, écrit le quotidien allemand Bild en citant les propos qu’Emmanuel Macron a tenu jeudi 28 novembre lors de sa conférence de presse avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
Ce dernier trouve cependant que la Russie représente la menace principale de l’Alliance.
Une déclaration «dangereuse»
Selon le média, le Président français approche différemment ces derniers temps l’Otan, l’Europe et les relations franco-allemandes, suscitant ainsi les critiques de ses partenaires, dont l’Allemagne et la Pologne.
Le Bild signale que le dirigeant français est disposé à remplacer l’Otan par une armée européenne, alors que la chancelière allemande estime que «l’Europe ne peut pas se défendre pour le moment. Nous dépendons de cette alliance transatlantique, il est donc normal que nous travaillions pour elle et prenions davantage de responsabilités».
Supputation du Bild sur la cause réelle des mots de Macron
Le quotidien indique que Paris a traditionnellement un rôle ambivalent au sein de l’Otan et qu’entre 1966 et 2009 la France n’a pas participé à la planification militaire stratégique, bien qu’étant un membre fondateur de l’organisation. Cependant, de l’avis du Bild, la cause réelle des propos de Macron sur un nouvel «ennemi commun» doit être due à la mort de 13 soldats français durant une opération antiterroriste au Mali. Le Président français a souligné qu’«une véritable alliance, ce sont des actes, ce sont des décisions, pas des mots».
Scepticisme envers le nouvel ordre mondial
Jörn Leonhard, professeur d’Histoire à l'université de Fribourg, a expliqué au Bild cette position d’Emmanuel Macron par sa vision de plus en plus sceptique du nouvel ordre mondial, liée notamment à l’érosion des relations transatlantiques et au conflit entre les États-Unis et la Chine.
L’universitaire conclut que M.Macron réfléchit au futur rôle de la France et envoie un signal à l’Otan en cherchant des alternatives dans le domaine de la politique extérieure.