L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a réagi à la mort des 13 soldats français au Mali en publiant plusieurs caricatures qui ont suscité l’indignation du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Thierry Burkhard. Dans une lettre ouverte publiée ce 30 novembre, il s’adresse au directeur du journal, Riss, pour faire part de sa colère et pour l’inviter à la cérémonie d’hommage national aux Invalides.
Les caricatures en question représentent des objets liés à la mort (un cercueil recouvert d’un drapeau tricolore à côté d’Emmanuel Macron, une tombe décorée d’ordres, une couronne de fleurs de deuil suivie de «merci»), avec des inscriptions reprenant des slogans de la dernière campagne de recrutement de l’armée de terre.
Parmi ces dernières figurent: «Je protège mon pays, je progresse dans ma vie», «J’ai rejoint les rangs pour sortir du lot», «J’ai soif d’aventures pour ceux qui ont faim de liberté».
«Le temps du deuil sali»
Selon le chef d’état-major, ces «caricatures terriblement outrageantes» salissent «le temps du deuil» des familles touchées. «Si l’indignation m’a d’abord gagné, c’est surtout une peine immense qui m’envahit en pensant au nouveau chagrin que vous infligez à ces familles déjà dans la souffrance», déplore M.Burkhard en manifestant son «indignation profonde». Le général s’interroge sur les raisons pour lesquelles les militaires sont ainsi méprisés:
«Qu’avons-nous donc fait, soldats de l’armée de terre, pour mériter un tel mépris? Qu’ai-je manqué moi-même, chef d’état-major de l’armée de terre, dans l’explication du sens profond de notre engagement, pour qu’avec une telle désinvolture soient raillés ceux qui ont donné leur vie afin que soient justement défendues nos libertés fondamentales?»
Une famille porte plainte
Citées par Le Monde, certaines personnes proches de Thierry Burhard estiment que «ce ne sont pas les caricatures en tant que telles qui nous choquent, nous connaissons l’antimilitarisme de Charlie, mais cette façon de s’en prendre aux familles» dont l’une a l’intention de porter plainte, affirme la source.
La lettre ouverte du chef d’état-major se termine par une invitation à venir assister à la cérémonie qui aura lieu aux Invalides pour rendre un dernier hommage aux militaires tués et pour «leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent».