Toutes les allégations au sujet d’une influence étrangère exercée sur la situation au Liban n’ont rien à voir avec la réalité, a indiqué le vice-Premier ministre libanais par intérim Ghassan Hasbani dans sa première interview depuis la démission le 29 octobre du chef du gouvernement Saad Hariri.
«Il n'y avait de pression étrangère sur le Liban ni avant ni après l’éclatement des troubles. On entend dans les médias des allégations selon lesquelles la communauté internationale s’applique à influer sur la politique étrangère libanaise ou sur la situation à l’intérieur du Liban. Tout cela est parfaitement faux», a souligné M.Hasbani qui avait occupé le poste de ministre de la Santé de décembre 2016 à janvier 2019, avant de devenir vice-Premier ministre du Liban.
Par ailleurs, il ajoute que la communauté internationale n'a que le droit d'exiger la transparence des dépenses de l'aide financière octroyée à Beyrouth.
«Si nous sollicitons une aide financière de l’étranger, on peut évidemment nous demander de faire preuve de transparence sur les dépenses des fonds reçus. Il se peut également que des réformes économiques et structurelles efficaces soient nécessaires, ainsi que des transformations dans la gestion, choses que réclament tous les protestataires. Cela rendrait transparent le travail des autorités, cela permettrait de réduire les dépenses dans le secteur public et de créer un cadre juridique pour la concurrence des investisseurs et des investissements dans le pays, cela aiderait à régler l’administration religieuse», a résumé l’homme politique.
Un soulèvement inédit
Un mouvement social a éclaté au Liban le 17 octobre après que le gouvernement a annoncé son intention d'introduire une taxe sur les appels Internet passés via la messagerie cryptée WhatsApp. Ce soulèvement inédit est né du ras-le-bol de la population face à une économie au bord du gouffre et des services publics en déliquescence.
Les manifestations de masse sont devenues violentes et se sont vite transformées en un mouvement antigouvernemental. Les protestataires ont demandé la démission du Premier ministre Saad Hariri et rejeté l'appel au dialogue du Président Michel Aoun. Ils ont bloqué des routes, revendiquant le renvoi du gouvernement et la dissolution du parlement, ainsi que l’annulation des quotas confessionnels en politique.
Malgré l'abandon de la taxe sur les appels Internet et la démission du Premier ministre Saad Hariri et de son gouvernement, les manifestants sont restés dans les rues pour réclamer des réformes économiques, en particulier dans le secteur bancaire. Les rassemblements ont pris de l'ampleur et ont souvent été marqués par des affrontements entre manifestants et policiers.