«Vous avez merdé»: échanges très tendus entre Ruffin et Macron sur Whirlpool - vidéos

Un face-à-face tendu a eu lieu à Amiens: sur le site de l’usine Whirlpool, François Ruffin a exhorté le Président de la République à reconnaître que l’État avait «merdé» car le projet de reprise s’était soldé par un échec. Sous la pression du député et la colère des ex-salariés, Emmanuel Macron a été contraint de s’expliquer.
Sputnik

Dans un contexte social tendu avant la journée de grève du 5 décembre, Emmanuel Macron a vécu une visite difficile à Amiens. Il a non seulement été interpellé par une jeune chercheuse sur la précarité des doctorants, mais il a aussi eu un vif échange au sujet de l’usine Whirlpool, délocalisée en Pologne.

L’affaire de l’usine remonte à 2017. Le Président Macron, cinq mois après son élection, l’avait visitée avec un repreneur, WN, largement aidé par l'État et qui devait sauver une partie des emplois. Mais deux ans plus tard, WN était liquidée, laissant 182 salariés sur le carreau.

Un cortège d’ex-Whirlpool, Gilets jaunes et lycéens manifeste à Amiens pendant la visite de Macron
C’est notamment le député La France insoumise François Ruffin, présent pendant la rencontre du chef de l’État avec les ex-salariés et lui-aussi originaire de la ville, qui a estimé que «venir il y a deux ans dire aux salariés qu'ils seront repris alors qu'il n'y a rien derrière, c’est nous prendre pour des cons».

«Et venir dire qu’aujourd’hui Emmanuel Macron, comme s’il était un citoyen lambda (…) est déçu, c’est nous prendre pour des cons une deuxième fois», a-t-il martelé.

«Vous grandiriez l’État à admettre que vous avez merdé. À la limite pas vous personnellement, mais que ça a merdé. Pendant qu’ici il n’y avait rien qui se produisait et que c’était la catastrophe et que tout le monde pouvait voir que ça allait dans le mur (…). Et on n’a pas eu de réponse. C’est la première chose. Je pense que vous grandiriez vis-à-vis des salariés, vis-à-vis du territoire, vis-à-vis de moi comme représentant, vous grandiriez à dire "Ouais, il y a eu un délai pendant lequel on pouvait agir, au moins tirer le frein et on ne l’a pas fait"», a déclaré le député.

Le parlementaire a aussi reproché à l’État de ne pas avoir vu arriver le fiasco WN alors que les salariés «passaient leurs journées à faire du débroussaillage et des tours Eiffel en spaghettis!».

Macron réplique

«Moi j’ai dit la vérité à Whirlpool. (...) Est-ce que j'ai dit: "on va tous vous sauver, on va garder l'entreprise"? Non. J'ai dit: "ceux qui vous disent ça vous mentent". Je leur ai dit: "on va s'engager pour vous"», a rétorqué le Président, sans en faire reposer la faute sur l’État. «Il y a eu un premier projet mais il n’a pas été au bout. Ce n’est pas la faute de l’État ou des services de l’État.» 

«On est face à un projet qui a échoué, est-ce que c'est votre faute, celle des salariés ? La mienne? Non», a-t-il déclaré face aux caméras. Concernant la liste noire, «je n’ai pas de preuves et ce n'est pas la mienne», a-t-il ensuite dit, dénonçant un «procès politique.»

«Je ne fais pas ça pour me refaire la cerise. J’ai mis la pression sur les ministres sur ce dossier comme je ne l'ai pas fait pour d'autres», a-t-il rassuré.

Bain de foule à Amiens

En visite dans sa ville natale d’Amiens, le Président de la République a pris un bain de foule.

Lors de la première journée de sa visite, Emmanuel Macron a déploré que la France soit actuellement un «pays trop négatif», avertissant, à l'approche de la journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre, qu'en démocratie «il n'y a pas de liberté de casser».

En outre, il s’est fait interpeller sur le sujet de la précarité des doctorants par une jeune chercheuse.

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