Dans un contexte social tendu avant la journée de grève du 5 décembre, Emmanuel Macron a vécu une visite difficile à Amiens. Il a non seulement été interpellé par une jeune chercheuse sur la précarité des doctorants, mais il a aussi eu un vif échange au sujet de l’usine Whirlpool, délocalisée en Pologne.
L’affaire de l’usine remonte à 2017. Le Président Macron, cinq mois après son élection, l’avait visitée avec un repreneur, WN, largement aidé par l'État et qui devait sauver une partie des emplois. Mais deux ans plus tard, WN était liquidée, laissant 182 salariés sur le carreau.
«Et venir dire qu’aujourd’hui Emmanuel Macron, comme s’il était un citoyen lambda (…) est déçu, c’est nous prendre pour des cons une deuxième fois», a-t-il martelé.
«Vous grandiriez l’État à admettre que vous avez merdé. À la limite pas vous personnellement, mais que ça a merdé. Pendant qu’ici il n’y avait rien qui se produisait et que c’était la catastrophe et que tout le monde pouvait voir que ça allait dans le mur (…). Et on n’a pas eu de réponse. C’est la première chose. Je pense que vous grandiriez vis-à-vis des salariés, vis-à-vis du territoire, vis-à-vis de moi comme représentant, vous grandiriez à dire "Ouais, il y a eu un délai pendant lequel on pouvait agir, au moins tirer le frein et on ne l’a pas fait"», a déclaré le député.
Le parlementaire a aussi reproché à l’État de ne pas avoir vu arriver le fiasco WN alors que les salariés «passaient leurs journées à faire du débroussaillage et des tours Eiffel en spaghettis!».
Macron réplique
«Moi j’ai dit la vérité à Whirlpool. (...) Est-ce que j'ai dit: "on va tous vous sauver, on va garder l'entreprise"? Non. J'ai dit: "ceux qui vous disent ça vous mentent". Je leur ai dit: "on va s'engager pour vous"», a rétorqué le Président, sans en faire reposer la faute sur l’État. «Il y a eu un premier projet mais il n’a pas été au bout. Ce n’est pas la faute de l’État ou des services de l’État.»
«On est face à un projet qui a échoué, est-ce que c'est votre faute, celle des salariés ? La mienne? Non», a-t-il déclaré face aux caméras. Concernant la liste noire, «je n’ai pas de preuves et ce n'est pas la mienne», a-t-il ensuite dit, dénonçant un «procès politique.»
«Je ne fais pas ça pour me refaire la cerise. J’ai mis la pression sur les ministres sur ce dossier comme je ne l'ai pas fait pour d'autres», a-t-il rassuré.
Bain de foule à Amiens
En visite dans sa ville natale d’Amiens, le Président de la République a pris un bain de foule.
Lors de la première journée de sa visite, Emmanuel Macron a déploré que la France soit actuellement un «pays trop négatif», avertissant, à l'approche de la journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre, qu'en démocratie «il n'y a pas de liberté de casser».
En outre, il s’est fait interpeller sur le sujet de la précarité des doctorants par une jeune chercheuse.