Entre Lyon et l'Oural, des biennales comme un possible contre-pouvoir à la politique?

La «forme de fête» et de «résilience» qu'offre les biennales sur fond de la «tendance un peu pessimiste» régnant dans le monde d'aujourd'hui, est un des points les plus importants de ces événements à travers de nombreux pays, dont la France et la Russie, a estimé la directrice artistique de la biennale lyonnaise, dans un entretien à Sputnik.
Sputnik

Les biennales visent à mettre en lumière les soi-disant «secondes villes», qui ne sont pas submergées par des événements sur les plans différents, dont l'économique ou encore le touristique, a expliqué la directrice de la biennale lyonnaise, Isabelle Bertolotti, dans une interview à Sputnik lors de la VIII édition du Forum culturel international de Saint-Pétersbourg. Elle a également évoqué des futurs projets artistiques franco-russes, ainsi que des buts qu’ont des biennales contemporaines.

Lyon et Iekaterinbourg, villes d’accueil des biennales d’aujourd’hui

Après avoir collaboré avec le Centre national d'art contemporain de Moscou sur la jeune création, des artistes émergents, dans le cadre de la Biennale à Lyon, Isabelle Bertolotti espère la poursuite de la coopération franco-russe:

«Je pense qu’il y a d’autres villes avec [lesquelles, ndlr] on peut travailler, développer la collaboration entre la jeune création, ces artistes émergents et l’art contemporain. Et c’est très important d’avoir ces nouvelles visions et chacun d’échanger aussi sur ces sujets.»
Entre Lyon et l'Oural, des biennales comme un possible contre-pouvoir à la politique?

En 2010, Iekaterinbourg, capitale de l’oblast de Sverdlovsk, en Oural, a été la scène de la première biennale russe, soit La biennale industrielle de l’Oural. Aujourd’hui, il s’agit de la cinquième édition de cet événement. 

«On discute [...] pour la Biennale de l’Oural, peut-être avoir des collaborations parce qu’on est en même temps, on se situe à la même période. Et donc l’idée peut-être de produire des choses ensemble est en discussion. Ce serait super», confie Mme Bertolotti, évoquant les échanges avec la commissaire de la biennale de Iekaterinbourg, Alissa Proudnikova, dans le cadre du Forum culturel international de Saint-Pétersbourg.

La biennale industrielle de l’Oural

«Forme de résilience» 

C’est pour découvrir de nouveaux artistes, des collaborations étonnantes, ou encore être surpris et apprendre quelque chose aussi, que les biennales sont organisées, poursuit Isabelle Bertolotti, en dénonçant des critiques accusant des commissaires «un peu globaux» qui «présentent des artistes soutenus par [de] grosses galeries et qui font le marché». 

Biennale d'Art Contemporain de Lyon

«Dans un monde [où] il y a une tendance un peu pessimiste en ce moment… L’art aussi l’est, parle de sujets très graves, essentiels aussi. Mais aussi cela peut être aussi une forme de fête, une forme de résilience, d’apprendre comment on peut passer par-dessus les problèmes en les évoquant, […] pas forcément trouver des solutions, mais […] évoquer des propositions possibles», estime Mme Bertolotti.

«Un contre-pouvoir» aux questions politiques

En répondant à la question de savoir si la coopération franco-russe dans le cadre des biennales peut contribuer aux liens entre la France, Isabelle Bertolotti le qualifie de point «extrêmement important»:

«Je pense qu’il faut transcender les questions politiques […]. Si l’on arrive justement à créer ce réseau à la fois européen et à la fois mondial aussi […] de personnes qui se comprennent, […] qui ont des intérêts communs, je crois que c’est essentiel d’avoir justement cette espèce de contre-pouvoir, qui n’est pas un pouvoir qui est contre, mais bien un pouvoir de discussion, de débat d’idées et de partage.»
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