Les conséquences économiques de la mondialisation, une baisse du niveau de vie de la classe moyenne et une hostilité manifeste d’une partie de la société envers le multiculturalisme et l’immigration sont autant de facteurs à l’origine de la crise du libéralisme et de l’échec de l’Union européenne. Selon un sondage IFOP, 80% des Italiens réclament un autre modèle de société. Les élites ne remplissant plus leurs devoirs vis-à-vis des Européens, le souverainisme progresse.
«Je trouve naturel notamment le mécontentement des Italiens par l’actuel modèle de société. […] En Italie, le système politique est en crise, alors que l’État lui-même se disloque. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas seulement d’une division entre le Sud et le Nord, mais de contradictions culturelles et sociales», a déclaré à Sputnik Corrado Ocone, philosophe et théoricien du libéralisme.
Pour lui, ce n’est pas le libéralisme mais sa structure qui est en crise permanente.
«L’idée même de l’UE traverse une crise très grave, alors que sa politique est en déclin. […] C’est une communauté bureaucratique. L’absence d’assise spirituelle prive le projet européen d’une base solide. À mon avis, la religion chrétienne est le seul ciment de l’Europe qui aurait pu unir tous les pays de l’UE et ses citoyens les plus différents. Néanmoins, on a choisi une autre voie, celle des procédures, des droits de l’Homme et d’autres sujets plutôt abstraits», déplore M.Ocone.
Et d’ajouter qu’avec leur mission civilisatrice, les élites ont construit une Union européenne sans tenir compte de l’engagement des personnes dans cette construction.
«Personnellement, je crois aux valeurs européennes, mais je constate que ces valeurs sont bafouées au sein de l’UE. C'est un projet politique qui a échoué, mais cela ne signifie pas que l’UE ne trouvera pas d’autres formes de coopération et d’alliance entre les peuples qui la composent», explique le philosophe.
Tout en reconnaissant que les souverainistes sont souvent nommés pour responsables de la crise de l’UE, il insiste sur la nécessité pour l’Europe de comprendre la nature même du souverainisme.
«Le souverainisme est une réaction à la crise du libéralisme et l’échec de l’UE, réaction qui témoigne du mécontentement que couve la société. […] Bien que l’Europe soit aujourd’hui dépourvue de grands leaders, elle doit prendre au sérieux les souverainistes et les diriger dans une autre direction», résume Corrado Ocone, philosophe et théoricien du libéralisme.
Le sondage a été réalisé du 2 au 15 octobre par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) auprès de 1.019 Américains, 1.003 Français, 1.001 Italiens, 1.004 Britanniques et 1.004 Allemands. Cette étude est représentative de la population selon les critères de sexe, d’âge et de répartition géographique. La marge d’erreur est de 3,1% pour un intervalle de confiance de 95%.