En 1999 le conflit armé entre, d'une part, les séparatistes albanais de l'Armée de libération du Kosovo et, de l'autre, l'armée et la police de la Serbie, a conduit aux bombardements de la Yougoslavie (qui comprenait à l'époque la Serbie et le Monténégro) par l'Otan.
En mars 2004, des Albanais kosovars ont organisé des pogroms, entraînant un exode massif des Serbes de ce territoire et la destruction de nombreux monuments historiques et culturels serbes. Les structures albano-kosovares de Pristina ont proclamé unilatéralement leur indépendance de la Serbie le 17 février 2008. La république autoproclamée n'est pas reconnue par la Serbie, la Russie, la Chine, Israël, l'Iran, l'Espagne, la Grèce et de nombreux autres États.
Sous la pression de Bruxelles et afin de se rapprocher de l'UE, ainsi que pour faciliter la vie des citoyens serbes sur ce territoire, le gouvernement serbe a été contraint d'entamer en 2011 des négociations sur la normalisation des relations avec les Albanais du Kosovo avec la médiation de l'UE. Cependant, après l'instauration par les autorités de Pristina de taxes de 100% sur les produits de Serbie et de Bosnie-Herzégovine en novembre 2018, le dialogue a été suspendu.
«Les négociations (entre Belgrade et Pristina, ndlr) ont cessé à cause des Albanais, ils n'acceptent aucune concession. La Serbie dit que tant que les Albanais ne feront pas eux aussi des concessions, il n'y aura pas de négociations», a fait savoir à Sputnik Elena Gouskova, directrice du Centre d'études de la crise balkanique contemporaine de l'Institut d'études slaves affilié à l'Académie des sciences de Russie, experte du Conseil russe pour les affaires internationales. Le pouvoir en UE change actuellement, et selon elle, un dîner d'adieu a été organisé avec ceux qui participaient depuis longtemps aux négociations entre Pristina et Belgrade.
«De nouvelles personnes vont arriver et les négociations pourraient reprendre selon de nouvelles conditions. Mais Belgrade a clairement déclaré qu'avant toute chose il fallait lever les taxes de 100% sur les produits importés de Serbie par les Albanais, et qu'il fallait garantir les droits des Serbes au Kosovo-et-Métochie, déterminés par l'Accord de Bruxelles de 2013. Mais il n'y a aucun signe de la part des Albanais. Ils ne veulent pas parler d'un échange de territoires, accorder des droits aux Serbes au Kosovo-et-Métochie ou encore lever les taxes. Mais des élections s'y sont déroulées et les nouvelles structures politiques, les nouveaux représentants, pourraient se tourner vers Belgrade. Les perspectives de telles négociations existent», explique Elena Gouskova.
«En 2006-2007, au moment des négociations sur le Kosovo-et-Métochie avec la participation de l'UE et d'autres pays, dont la Russie, de très bonnes propositions avaient été faites, une entente avait été trouvée entre tous les acteurs du dossier kosovar. C'est pourquoi il serait tout à fait naturel que Moscou participe aux négociations, mais le Président serbe Vucic a invité les États-Unis à contribuer aux négociations entre Pristina et Belgrade, et aucune proposition n'a été faite à Moscou. C'est pourquoi tout dépend de l'objectif que se fixent les politiques. C'est probablement cet objectif qui détermine qui doit participer aux négociations», a ajouté l'experte.
«En ce qui concerne la participation de Moscou, cela arrivera tôt ou tard dans un tel ou tel format. Le format actuel sous-entend, comme le disait l'administration sortante de l'UE sous la direction de (Federica) Mogherini, que toute solution qui sera trouvée par Belgrade et Pristina devra être approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies - elle ne pourra donc pas être adoptée sans l'accord de la Russie quoi qu'il arrive. C'est pourquoi une certaine participation de la Russie est prévue dans tous les cas», a estimé, poue sa part, Ekaterina Entina, chercheuse au département d'études de la mer Noire et de la Méditerranée de l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie.
L'experte a rappelé que les Serbes avaient déjà exprimé plusieurs fois leur volonté de faire participer Moscou au dialogue.
En ce qui concerne l'intensification des négociations, comme l'a noté l'interlocutrice de l'agence, c'est plus que désirable pour Moscou et Belgrade, voire même pour Pristina.