Est-il dangereux d’imposer le véganisme à ses enfants?

Est-il responsable de bannir tout produit d’origine animale pour l’alimentation de ses enfants, même en bas âge? Qu’en est-il des carences? Le véganisme, en particulier chez l’enfant, divise la communauté scientifique.
Sputnik

Le véganisme est de plus en plus populaire. Selon une étude de l’institut Xerfi, les ventes de produits végétariens et végétaliens ont augmenté de 24% en France en 2018, pour un chiffre d’affaires de 380 millions d’euros. L’offre de produits de ce type a été largement étoffée ces dernières années, avec l’implication de grands groupes, dont Danone, Nestlé et Carrefour, dans le marché de l’alimentation végane.

Certains parents ont même décidé de faire adopter ce mode de consommation à leurs enfants, même en bas âge. C’est le cas de Pascale, mère de famille végane en Indre-et-Loire, qui a expliqué à ses enfants pourquoi elle ne mangeait plus de viande, sans chercher à les traumatiser. «Ils ont rapidement adhéré à la cause», a-t-elle affirmé à l’agence de presse Relaxnews.

Pourtant, l’alimentation végane n’est pas sans risque. Cet été, un couple australien avait été condamné à 300 heures de travaux d’intérêt général pour avoir imposé un régime végan à leur enfant. La petite fille de trois ans, pesant moins de cinq kilos, présentait de graves problèmes de développement physique et mental. Ses parents ne lui donnaient ni vitamines ni autres compléments alimentaires pour combler ses carences.

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Les avis de la communauté scientifique

En mai, l’Académie royale de médecine de Belgique avait publié un avis selon lequel le régime végan est à proscrire pour les nourrissons, précisant qu’il «engendre d’inévitables carences et nécessite un suivi permanent des enfants pour éviter les carences et des retards de croissance souvent irréversibles».

L’association PETA avait réagi en citant le rapport de l’Académie américaine de nutrition et de diététique, dont la position était toute contraire.

«La position de l’Académie de nutrition et de diététique est que l’alimentation végétarienne bien planifiée, y compris végétalienne, est saine, adéquate sur le plan nutritionnel et peut être bénéfique pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Cette alimentation est appropriée à toutes les périodes de la vie, notamment la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, le troisième âge, et pour les sportifs.»

Un autre risque du véganisme avait été révélé par des chercheurs britanniques. Selon leur étude, publiée dans BMJ Nutrition, Prevention & Health, le manque de choline, essentielle au bon développement de l’intelligence de l’homme et présente dans les produits d’origine animale, nuit au développement du cerveau du fœtus pendant la grossesse.

Les carences du régime végan

D’après Jérôme Bernard-Pellet, médecin nutritionniste et cofondateur de l'Association de professionnels de santé pour une alimentation responsable, le seul risque connu est la carence en vitamine B12. En effet, seuls les produits d’origine animale en contiennent en quantité suffisante. Il recommande donc vivement aux personnes véganes de prendre de la B12 en complément. Il s’agit d’une vitamine essentielle pour le développement cognitif.

Le docteur précise également que le DHA, un acide gras présent dans certains poissons, «fait partie des points faibles du régime végétalien», d’après des propos rapportés par Relaxnews. «On peut en trouver dans les graines de lin ou prendre des suppléments de micro-algues», a-t-il indiqué.

Sur la question du substitut du lait maternel, le docteur Bernard-Pellet insiste sur le fait que «les laits végétaux comme le lait d’amande ou de châtaigne ne sont pas adaptés pour le nourrisson» et conseille plutôt les laits à base de protéines de riz ou de soja.

Enfin, le médecin rappelle que de nombreux aliments comme les choux verts, les brocolis, les épinards et les lentilles sont riches en fer et en calcium, indispensables pour la croissance de l’enfant. Cependant, «beaucoup d’enfants présentent des carences en fer, même ceux qui mangent de la viande», a-t-il ajouté.

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