Les professionnels de santé publique avaient observé auparavant que les campagnes de vaccination contre la rougeole faisaient baisser la mortalité infantile totale. Mais les chercheurs n'étaient pas sûrs des mécanismes biologiques.
Une équipe de chercheurs d'Harvard, de l'Institut médical Howard Hugues et de l'université Erasmus aux Pays-Bas a analysé le sang de 77 enfants néerlandais contaminés par la rougeole lors de l'épidémie qui a frappé le pays en 2013: leur sang avait été prélevé avant l'infection, puis de nouveau deux mois après.
Les chercheurs ont utilisé un outil développé aux Etats-Unis et baptisé VirScan, qui identifie tous les virus ayant infecté auparavant une personne, et dont le système immunitaire se souvient: VIH, grippe, herpès, et des centaines d'autres virus. Quand l'organisme rencontre un virus, il crée des anticorps qui restent et protègent des infections futures: c'est la «mémoire» immunitaire.
Les analyses ont montré que la rougeole éliminait entre 11 et 73% des anticorps protecteurs chez les enfants.
La rougeole «remet à zéro votre système immunitaire et le fait revenir à un état plus naïf», explique à l'AFP l'épidémiologiste Michael Mina, d'Harvard, coauteur de l'étude.
Pour revenir à un niveau élevé d'anticorps et rebâtir leurs défenses, «ils doivent être réinfectés par les pathogènes, comme les nouveaux-nés qui prennent beaucoup de risques dans les premières années de leur vie», dit Michael Mina.
Contrairement au VIH, les défenses immunitaires sont affaiblies beaucoup plus rapidement, et elles se reconstruisent aussi plus vite, précise le chercheur.
L'étude, confortée par des tests sur des macaques et par une autre analyse publiée jeudi dans Science Immunology, montre que le danger de la rougeole dépasse les seuls risques liés à l'infection.
«Le virus est bien plus délétère qu'on ne croyait, ce qui rend le vaccin d'autant plus précieux», dit Stephen Elledge, généticien qui a développé avec des collègues l'outil VirScan.