Dans une résolution votée à main levée, le Parlement européen déclare que l'opération militaire turque en Syrie représente «une violation grave de la législation internationale et compromet la stabilité et la sécurité de la région». Le document envisage «la suspension des préférences commerciales au titre de l'accord sur les produits agricoles et, en dernier recours, la suspension de l'union douanière» entre l'UE et la Turquie.
«Le Parlement européen s’est retrouvé en dehors du processus historique. Cette structure n’arrive plus à suivre de près l’agenda politique mondial», affirme Oktay Aksoy, directeur des programmes internationaux de l'Institut de politique extérieure d'Ankara et ancien ambassadeur de Turquie en Finlande, en Suède et en Jordanie.
Et de rappeler que la Turquie avait déjà signalé à l’opinion internationale ces problèmes à l’intérieur du Parlement européen.
«Alors que la Turquie mène un dialogue diplomatique intense avec la Russie et les États-Unis pour résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée dans la région, le Parlement européen essaie de solutionner des problèmes inexistants. C’est une preuve d’une baisse du poids de l’Europe en politique mondiale», estime M. Aksoy.
Une politique inconséquente
Pour lui, au lieu de résoudre leurs propres problèmes intérieurs, les eurodéputés s’appliquent à attaquer par des résolutions la Turquie qu’ils ne veulent tout simplement pas voir dans leurs rangs, alors que l’approche européenne du problème des réfugiés syriens est un exemple éclatant de l’inconséquence de la politique de l’UE.
«D’une part, les Européens redoutent l’afflux de migrants dans leurs pays via le territoire turc, mais de l’autre, ils condamnent les actions d’Ankara visant à assurer sa sécurité dans la région», explique l’expert.
Il ajoute que le Président turc doit bientôt rencontrer le Président français, ainsi que les chefs des gouvernements britannique et allemand.
«Les eurodéputés auraient mieux fait d’attendre au moins les résultats de ces négociations. Ladite résolution du Parlement européen est une démarche inadmissible et répréhensible», résume l’interlocuteur de Sputnik.