Au Cameroun, Guy Mouofo utilise le tourisme pour solidifier l’unité nationale

Passionné de voyages, d’aventure et de découverte, Guy Mouofo s’emploie depuis plusieurs années à promouvoir la destination Cameroun. Avec son association «Let’s Go There/Allons visiter», il veut utiliser le tourisme pour juguler les préjugés communautaires et encourager le vivre-ensemble en amenant les Camerounais à découvrir leur pays. Portrait.
Sputnik

Guide au service du tourisme au Cameroun, Guy Mouofo, 31 ans, est le promoteur de l’association à but non lucratif «Let’s Go There/Allons visiter». Une initiative née en 2014 pour promouvoir le tourisme et les loisirs dans son pays, alors qu’il était encore étudiant à l’université de Bamenda.

«La plateforme a été lancée à l'origine par des étudiants de l’université de Bamenda, précisément à Bambili, un village riche en attractions écotouristiques parmi lesquelles son lac de cratère, ses chutes d’eau, ses collines, ses paysages pittoresques etc. Au départ, nous n’étions qu’un groupe d’aventuriers passionnés de nature et de fil en aiguille, nous avons pu mettre sur pied cette association pour la promotion du tourisme et des loisirs au Cameroun», relate Guy Mouofo au micro de Sputnik.
Au Cameroun, Guy Mouofo utilise le tourisme pour solidifier l’unité nationale

Guy Mouofo, l’ambassadeur de la destination Cameroun

Cette plateforme, basée à Douala depuis septembre 2018, compte une dizaine de bénévoles qui travaillent d’arrache-pied pour valoriser les richesses touristiques du Cameroun. Pour mener à bien cette cause, plusieurs initiatives ont été prises par l’association depuis sa création à partir de la ville de Bamenda où elle a vu le jour. Mais la crise anglophone en cours dans le pays va sérieusement perturber le cours des choses.

«En 2014, nous avions initié le projet "BamendaNewWonders" pour vanter les différents sites et attractions de la région du Nord-Ouest. Mais depuis l’avènement de la crise, l’initiative est restée peu active. Nous comptons néanmoins la relancer une fois que la paix et la sécurité régneront à nouveau dans cette belle région riche de nature et de culture», précise-t-il.

«Le potentiel touristique de la Côte d’Ivoire est énorme mais inexploité»
Malgré cette malheureuse interruption due au conflit séparatiste que traverse cette partie du pays (Nord-Ouest et Sud-Ouest), l’entrepreneur et son équipe n’ont pas baissé les bras et mettront en branle une kyrielle de projets allant dans le même sens. 

«Nous avons lancé Aerialviews237 en 2016, pour vendre l’image du Cameroun à travers la photographie aérienne. Malgré les difficultés liées à l’usage des drones dans le pays, nous avons quand même fait quelques productions dont nous sommes fiers. Depuis 2018, avec le durcissement de la législation sur les drones, les activités d’Aerialviews237 ont été arrêtées. En 2018, le focus a été porté sur Kribi avec le projet Kribi Exclusive, chargé de promouvoir cette ville en tant que destination de loisirs, de lunes de miel et de balnéothérapie», souligne ce passionné de photographie aérienne.
Au Cameroun, Guy Mouofo utilise le tourisme pour solidifier l’unité nationale

À ces multiples initiatives, il faut ajouter le «Grassfieldtour» – toujours en 2018 –, qui visait à mettre en lumière les richesses touristiques de la région de l’Ouest francophone. La même année, Guy Mouofo et sa bande vont entamer le Moungotour. Une tournée exotique afin de faire découvrir le département du Moungo dans le littoral. Cette région abrite les chutes d’Ekom NKam, un site ayant servi au tournage d’une séquence du célèbre film «Greystoke, la légende de Tarzan», du réalisateur Hugh Hudson avec Christophe Lambert en 1984.

Après avoir fait le tour du Cameroun profond, Guy Mouofo – né à Baleng à l’Ouest du pays et qui a passé son enfance à Nkolndongo, un quartier de la ville de Yaoundé – a pris conscience des richesses touristiques de son pays et il veut attirer davantage de touristes. Pour cela, il a noué des partenariats avec des organisations tant sur le plan local qu’international.

«Sur le plan national, nous sommes en partenariat avec plusieurs initiatives de promotion du tourisme telles que Kendbee Green Tourisme, Tourismo Cameroun, Chapeau de Paille, Vlcam et Vitomo, etc. Sur le plan africain, nous travaillons avec Planugo, Visiter l’Afrique, Booboo Travel, Ikaze RwandaTours &Travel, Naidrenalin Adventures (Nigeria) ou encore Chance Safaris Tours. Des partenaires qui nous permettent de vendre la destination Cameroun», confie-t-il.
Au Cameroun, Guy Mouofo utilise le tourisme pour solidifier l’unité nationale

Le tourisme comme outil de cohésion nationale

Jadis florissant dans la région du Sud-Ouest anglophone qui abrite les plus beaux paysages d’Afrique, le tourisme connaît d’énormes difficultés du fait de la crise séparatiste. En 2018, selon les estimations des opérateurs du secteur du tourisme et de la restauration, le chiffre d’affaires des hôtels a chuté de 90% dans cette partie du pays. Alors que le Cameroun est traversé par de multiples crises qui menacent sérieusement son unité nationale, l’autre défi de «Let’s Go There /Allons visiter» est d’encourager les Camerounais à pratiquer le tourisme domestique pour mieux se connaître et renforcer les liens de fraternité nationale.

Pour cela, l’association travaille sur un projet dénommé «Educatours Talks» afin de «rapprocher et engager plus de jeunes dans la promotion du tourisme et des loisirs dans les campus universitaires et Instituts professionnels au Cameroun». Car, croit savoir Guy Mouofo, le tourisme domestique est un catalyseur du vivre-ensemble, surtout dans un contexte camerounais marqué ces derniers temps par des déchirements ethniques.

«Je crois profondément à la capacité pour le tourisme d’être un catalyseur dans le processus d’intégration nationale et du vivre-ensemble de toutes les ethnies – plus de 200 – qui constituent le tissu démographique du Cameroun. En développant et en encourageant le tourisme et les loisirs sur l’ensemble du territoire, cela permettrait le déplacement des personnes d’une région vers une autre, d’un village vers un autre et vice versa, ce qui briserait sans doute les préjugés que les uns ont envers les autres», espère Guy Mouofo.
Au Cameroun, Guy Mouofo utilise le tourisme pour solidifier l’unité nationale

Si la diversité des richesses touristiques au Cameroun et son potentiel économique sont des réalités indéniables, ce secteur, selon l’entrepreneur culturel, n’est pas suffisamment valorisé. Les pouvoirs publics, devraient, souligne-t-il «prendre conscience de ce que peut apporter le tourisme à l’économie camerounaise» et investir dans le développement des infrastructures.

«Il faut également déplorer l’abandon ou la négligence de tous les constituants de l’attractivité d’une destination touristique, à savoir les moyens de transport, les hôtels, les restaurants et les sites touristiques. Tout est à refaire au Cameroun», se désole le guide au micro de Sputnik

Le braconnage pourrait anéantir la population des éléphants du Cameroun
Ce diplômé en marketing de la Higher Institute of Commerce and Management – une école de l’université de Bamenda – pense avoir l’étoffe suffisante pour changer la donne, même si son association, encore à ses premiers balbutiements, rencontre de nombreuses difficultés logistiques et financières dans son déploiement quotidien.

«En tant qu’association à but non lucratif, nous avons besoin de financements pour mener à bien notre mission d’informer, inspirer, motiver et encourager les Camerounais à adopter la culture du tourisme et des loisirs. Et ainsi développer le tourisme domestique, qui est un gage de développement social et économique», ambitionne-t-il.

Souvent qualifié «d’Afrique en miniature» à cause de sa grande diversité naturelle, le Cameroun jouit d’un nombre incalculable de richesses touristiques. Des richesses encore sous-exploitées ou peu développées, que Guy Mouofo essaie de mettre en avant à travers son association «Let’s Go There/Allons visiter» qui entend faire du développement du tourisme local un tremplin par excellence de la consolidation du  vivre-ensemble au Cameroun.

Discuter