Le «sens du merveilleux» et une connexion avec un personnage tout-puissant (ou presque), c’est pour cela que les foules affluent dans les salles de cinéma pour voir un énième film de superhéros, explique le producteur et réalisateur américain Tad Stones. Créateur des séries télévisées d’animation Myster Mask (Darkwing Duck en version originale) et Tic et Tac, les rangers du risque, réalisateur d’Aladdin et d’Hellboy: De sang et de fer, il a eu de nombreuses occasions d’analyser la psychologie du public.
Selon lui, c’est la même chose qui l’a lui-même attiré quand, jeune, il collectionnait des bandes dessinées Marvel et qui est derrière la passion de ceux, parmi lesquels beaucoup d’adultes, qui remplissent les salles aujourd’hui.
«Je crois qu’il y a deux choses: le sens du merveilleux qu’on retrouve dans une série de science-fiction où vivent les superhéros. Et il y a évidemment une sorte de jeu de rôle lorsqu’on établit une connexion avec le personnage et qu’on se plonge dans ses aventures», indique-t-il dans un entretien à Sputnik.
C’est juste une alternative à ce qu’on a fait dans l’enfance en jouant avec ses amis, en faisant semblant d’avoir des super pouvoirs. «Et une fois adulte, on va au cinéma et comme dans les films d’action il y a beaucoup d’euphorie là», explique-t-il.
«Les films Marvel ont surtout du succès puisqu’ils n’ont pas tourné le dos à la folie des bandes dessinées: à des trucs tels que la pseudoscience, des personnes d’autres planètes», pointe Tad Stones. Leurs personnages ne sont pas idéaux, «ils ont des problèmes malgré tous leurs pouvoirs. Ce qui est cher au public».
Culture populaire et religion
Invité à de multiples conventions des bandes dessinées et venu début octobre au Comic Con 2019 de Moscou, le réalisateur observe en outre régulièrement l’évolution de la culture cosplay. En juillet dernier, le costume Star Trek de la militante afro-américaine Blair Imani a été salué et critiqué à la fois.
Pour Tad Stones, «il s’agit d’une interprétation d’un personnage». À travers le maquillage et la tenue, les cosplayers racontent des histoires, récrée les personnages, parfois en changeant le genre, l’âge ou des détails.
Quel superhéros pour la Russie?
S’il voulait créer un personnage pour la Russie -où il se rendait pour la première fois- Tad Stones «choisirait un héros proche du peuple, comme des personnages habitant tout près, qui ont un secret et cherchent la justice pour les opprimés, qui se sentent impuissants».
«Parce que les gens qui se sentent impuissants veulent voir un personnage qui lutte pour eux», tandis qu’on comprend en même temps que sa vie n’est pas non plus facile, quels que soient ses pouvoirs –à l’instar de Myster Mask qui avait toujours une leçon à tirer de ses aventures, épisode après épisode.
Un tel superhéros serait de fait apprécié dans plusieurs pays, reconnaît-il. Lors de sa toute première convention de bandes dessinées, deux femmes sont venues le remercier pour les relations familiales décrites dans Myster Mask.
«Elles avaient des relations familiales plutôt tendues», explique Tad Stones. «Et il a été précieux pour elles et a suscité une réponse émotionnelle. Et alors elles se sont embrassées, ont établi un contact, alors qu’elles ne se connaissaient pas.»
«Moi je me suis senti bizarre –mal d’un côté, car elles avaient une vie difficile, mais de l’autre, j’étais ravi d’avoir pu aider», a résumé le réalisateur.
La conférence des amateurs de jeux vidéo Igromir et la convention des bandes dessinées Comic Con 2019 ont réuni les fans de divers pays du 3 au 6 octobre à Moscou.