Assemblées citoyennes, ateliers, animations, concerts, librairie, bottes de pailles ou encore toilettes sèches: depuis le début de la semaine, une ZAD (zone à défendre) a vu le jour en plein cœur de Paris. Au départ concentrée au niveau du pont au Change, elle s’est étendue jusqu’à la place du Châtelet, puis brièvement sur une partie de la rue de Rivoli.
À l’origine de cette initiative se trouve le mouvement écologiste Extinction Rebellion (XR), qui prône la désobéissance civile comme mode d’action. En clair, refuser de se soumettre, de manière pacifiste, à une loi républicaine que l’on trouve injuste. C’est pourquoi, dans le cadre de leur semaine de la Rébellion internationale d’octobre (RIO), les différentes branches du mouvement ont mené des actions de blocage dans plusieurs grandes villes comme Paris, Londres, Berlin ou encore Sydney.
Désobéissance civile comme moyen d’action
Pour ces activistes, il s’agit de sensibiliser l’opinion à l’urgence climatique, mais surtout de faire pression sur les gouvernements pour qu’ils accèdent à leurs revendications. En effet, ils souhaitent que les États reconnaissent «la gravité et l’urgence des crises écologiques actuelles et d’avoir une communication honnête sur le sujet»; réduisent «immédiatement les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025»; qu’ils arrêtent «immédiatement la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres»; et enfin qu’ils créent «une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable».
Rencontrée par Sputnik sur la ZAD, Carola Rackete, capitaine du navire humanitaire Sea-Watch, arrêtée en juin dernier pour avoir forcé le blocus mis en place par le gouvernement de Matteo Salvini, en accostant au port italien de Lampedusa afin de débarquer des dizaines de migrants, détaille l’urgence d’agir pour le climat à un niveau étatique.
«C’est vraiment important que les gens protestent pour que les gouvernements commencent à agir et constatent que ce qui se passe dans notre environnement est une menace existentielle. […] Les mobilisations ne s’arrêteront pas tant que les gouvernements n’agiront pas.»
L’«Archipel des Nouveaux Mondes» comme lieu de convergences des luttes
Néanmoins, si depuis le début de la semaine les blocages se déroulent dans une ambiance relativement bon enfant, la colère commence à gronder chez les riverains et certains politiques, qui expriment leur incompréhension face à l’inaction de l’État.
C’est le cas notamment de Sylvain Maillard, député LaRem.
Malgré la présence de Gilets jaunes à la RIO, Maxime Nicolle, l’une des figures du mouvement, s’interrogeait également dans un live Facebook sur les raisons pour lesquelles l’État n’avait toujours pas réagi. Ségolène Royale, ancienne ministre de l’Environnement, affirmait quant à elle, lundi 7 octobre sur les ondes de France Inter, qu’Extinction Rebellion représentait des «groupes violents», qui pratiquent une «instrumentalisation de l’écologie». Dans un communiqué posté sur leur page Facebook, mardi 8 octobre, Extinction Rebellion s’est exprimé sur la souplesse des autorités.
«Si nous ne subissons pas beaucoup de répression (malgré les appels de notre chère Ségolène Royal), c’est que l’écologie est un sujet qui est difficilement attaquable par les puissant. e. s car ils/elles font leur beurre dessus, mais notre conception de l’écologie est différente de la leur comme nous avons pu le démontrer maintes fois cette année et au cours des derniers jours. Nous n’avons aucun lien avec le gouvernement et nous n’agissons pas dans leur intérêt.»