Mercredi 9 octobre, Ankara a lancé son offensive Source de paix dans le nord-est de la Syrie, dont l’efficacité ne sera probablement connue qu’après des années, estime dans un entretien accordé à Sputnik Ceyhun Bozkurt, rédacteur en chef de l’édition Yorunge.
«On s’attendait à ce que la Turquie recule»
«L’opération Source de paix peut bien modifier le rapport de forces dans le monde et ce en défaveur de l’Occident. Quoi qu’il en soit, les effets de l’opération ne seront évidents que des années plus tard. Le rapport de forces avec Washington a radicalement changé. Tout comme sur la question des S-400, on s’attendait à ce que la Turquie recule et s’entende finalement avec les États-Unis», détaille Bozkurt.
Et de rappeler qu’à la fin de la semaine dernière, vu la détermination de la Turquie, il était devenu parfaitement évident que le lancement de l’opération n’allait pas tarder.
Les Américains en panique
«Les Américains n’arrivaient plus à dissimuler leur panique. L’armée turque entrait dans la région dans laquelle ils [les États-Unis, ndlr] investissaient depuis des années comme s’il s’agissait d’un de leurs territoires. Cela montre bien que les déclarations américaines pèsent moins que par le passé aux yeux du monde», souligne le rédacteur en chef.
«Par ailleurs, le fait que des officiels [américains, ndlr] haut placés se soient mis à parler de la Turquie, leur allié à l’Otan, comme d’un "ennemi", montre qu’à l’avenir le rapport de forces des États-Unis et de l’Otan sera revu», relève le journaliste.
Les USA ont-ils perdu leur influence sur la Turquie?
Et d’ajouter que les États-Unis avaient perdu de leur influence sur la Turquie qui va désormais se concentrer sur ses intérêts nationaux, en resserrant, entre autres, ses liens avec «le monde asiatique et l’Eurasie dans son ensemble».
«La présence illégitime des États-Unis dans la région sera remise en question grâce à l’opération Source de paix qui donnera aussi l’exemple à d’autres régions, montrant comment on peut s’opposer à la volonté destructrice de qui que ce soit», résume Ceyhun Bozkurt.
De son côté, Ozge Ergen Yahsi, secrétaire du bureau des rapports internationaux du parti Vatan et qui s’est exprimée pour Sputnik, estime que la Turquie ne devrait pas se limiter à la mise en place d’une zone de sécurité, mais amorcer une coopération avec les pays de la région.
«La position ferme de la nation turque et la volonté de l’armée turque contribuent à approfondir progressivement la division à l’intérieur même des États-Unis. C’est une belle occasion pour porter un coup dur à l’impérialisme. La Turque doit immédiatement s’unir non seulement avec le gouvernement syrien, mais aussi avec la Russie et l’Iran pour combattre ensemble leur ennemi commun», conclut Mme Yahsi.
Selon Ankara, son offensive Source de paix dans le nord-est de la Syrie a pour but de sécuriser la frontière sud de la Turquie, de protéger l’intégrité territoriale du pays voisin et de «créer une zone de sécurité qui permettra le retour des réfugiés syriens» que la Turquie a accueillis sur son territoire.