La pollution entraînée par l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen a pu impacter les productions et récoltes agricoles dans 112 communes, a annoncé la préfecture.
«Les retombées de suie occasionnées par ce nuage sur les zones de production agricoles sont susceptibles de présenter un risque de santé publique qui nous impose la prise de mesures conservatoires immédiates guidées par le principe de précaution», justifie la préfecture de région.
Le lait, le miel collectés et les œufs d'élevage en plein air pondus depuis jeudi «sont consignés sous la responsabilité de l'exploitant jusqu'à l'obtention de garanties sanitaires sur les productions, sur la base de contrôles officiels,» peut-on lire dans les arrêtés des préfectures publiés dimanche.
«À défaut de garanties sanitaires satisfaisantes, ces productions seront retirées de la consommation humaine et de l'alimentation animale et détruites», ajoutent les textes. Les cultures végétales non récoltées avant jeudi ou susceptibles d'avoir été exposées aux contaminations sont également consignées. Le non-respect de cette mesure est puni de deux ans de prison et d'une amende de 300.000 euros.
Une fois la consignation levée, la mise sur la marché «s'effectuera sous la responsabilité de l'exploitant» qui devra faire lui-même des contrôles de conformité sanitaire de ses produits.
Une centaine de communes «auraient été impactées par les retombées du panache de fumée» essentiellement dans l'Oise, l'Aisne et la Somme, selon la liste «évolutive» de la préfecture de région publiée dimanche soir, établie «sur la base de signalements de particuliers, avec un recoupement de l'information par les services de l'Etat». Beaucoup de villages mais aussi des agglomérations comme Saint-Quentin ou Douai.
Le nuage de fumées de l'incendie de l'usine chimique Lubrizol qui a survolé les Hauts-de-France «ne présentait pas de toxicité aiguë», selon les autorités. Mais des témoignages faisant état de suie ont conduit l'Agence régionale de santé des Hauts-de-France à demander dimanche aux habitants de signaler aux différents services «la présence de retombées sous forme de suie».
«Des retombées de particules de suie ont été signalées, mais elles ne sont pas mesurées par les instruments de mesures d'Atmo (organisme de surveillance de l'air), qui suit en permanence les particules de très petites tailles (inférieures à 2,5 micromètres de diamètre), non visibles à l'oeil nu», ajoute la préfecture.
Après de grosses averses tombées dimanche à Lille, le député du Nord LFI Adrien Quatennens a constaté vers 18h00 de la «poussière noire et collante sur les Velux».
«Peut-on savoir de quoi il s'agit au juste ?», a-t-il ajouté sur Twitter, sous deux photos montrant des tâches noires sur une vitre et sur un essuie-tout. Lille n'apparaissait pas dimanche soir sur la liste.
Le Premier ministre Édouard Philippe a assuré dimanche que «l'engagement du gouvernement est de répondre à toutes les questions et de faire la transparence totale».