Deux tiers des journalistes de Mondadori France quittent le groupe après son rachat

190 des 330 journalistes en CDI à Mondadori France ont décidé de quitter le groupe de presse après son rachat par Reworld Media, a annoncé ce 30 septembre l'intersyndicale. Ainsi, les journalistes de Top Santé s’en vont tous, tout comme ceux de Pleine Vie, à l’exception d’un salarié.
Sputnik

Plus des deux tiers des journalistes de Mondadori France ont décidé, après le rachat du groupe de presse par Reworld Media, d’utiliser leur clause de cession, un dispositif qui leur permet de démissionner à des conditions avantageuses lors d'un changement d'actionnaire. La nouvelle a été annoncée ce 30 septembre par l'intersyndicale qui souligne que «la sortie dans de bonnes conditions de plusieurs magazines, voire leur sortie tout court se trouve compromise».

«Cette hémorragie sans précédent est le résultat de la stratégie du choc menée par Reworld Media depuis qu'il est devenu propriétaire de la filiale hexagonale du groupe italien», a constaté l'intersyndicale.

Sur 330 journalistes en CDI, 190 ont fait jouer leur clause de cession, ainsi que 74 journalistes pigistes, note dans un communiqué l'intersyndicale de Mondadori France, le troisième éditeur de magazines en France.

Des rédactions qui se vident

Dans certaines rédactions, «il n'y aura plus du tout de journalistes d'ici trois semaines. Dans d'autres, il n'en restera qu'un ou deux», ont précisé les syndicats.

Les coulisses de la démission en bloc de journalistes du quotidien russe Kommersant
En effet, selon Le Figaro, tous les journalistes de Top Santé s’en vont. À Pleine Vie, la rédaction se trouve également décimée, à l’exception d’un salarié. 90% des journalistes de Grazia ont décidé de suivre le mouvement. Chez Télé Star ou Closer, près de la moitié des effectifs est démissionnaire.

L’intersyndicale rappelle dans ce contexte les conséquences désastreuses des précédents rachats de Reworld Media et constate que les nouveaux dirigeants de Mondadori France n'ont pas jugé utile de rassurer les salariés.

Ils «sont restés sourds aux avertissements répétés des représentants du personnel sur l'avalanche de clauses de cession qui se préparait», a noté le communiqué.

«Cet immense gâchis menace aujourd'hui l'emploi de tous les salariés du groupe Mondadori France, toutes catégories confondues», soulignent encore les syndicats, estimant que «compte tenu du poids de Mondadori France dans la presse écrite (8% du volume d'affaires des messageries, près de 5% du chiffre d'affaires total du secteur), c'est toute une filière déjà fragilisée qui va se trouver affectée, de l'imprimeur au marchand de journaux».

«Garantir les intérêts des salariés»

Dans ce contexte, l’intersyndicale dénonce «l'indifférence des pouvoirs publics» et déclare qu’elle «prendra toutes les initiatives requises pour faire respecter le droit, préserver les titres et garantir les intérêts des salariés».

Le Figaro rappelle que Reworld Media s’est bâti en rachetant des magazines en difficulté, comme Marie-France, Gourmand, Maison et Travaux ou Auto Moto, mais n’emploie presque pas de journalistes.

Le tribunal de grande instance de Nanterre avait rejeté à la mi-septembre une demande des salariés de Mondadori France visant à suspendre en référé la cession du groupe de presse à Reworld Media.

Discuter