Derrière son physique d’éternel adolescent et son sourire qui ne le quitte presque jamais, Alain Youdjeu, plus connu sous le pseudonyme d’«Atome», est certainement le blogueur camerounais le plus prolifique du moment. À travers sa plateforme www.voila-moi.com, une interface Web à mi-chemin entre site Web et blog, qui s’est donné pour mission la mise en lumière des différents acteurs de la culture urbaine camerounaise, l’ex-rappeur vit sa passion au quotidien, à travers des chroniques culturelles.
«Sur voila-moi, on parle essentiellement de musique du Cameroun et d’Afrique. Nous produisons des chroniques, analyses ainsi que la couverture des évènements culturels. Mais j’ai également une autre plateforme dénommée atomeblog.com, qui m’est plus personnelle. J’y partage des histoires et des expériences de mon vécu, mais aussi de mes activités professionnelles et souvent quelques articles d’expertise», confie-t-il au micro de Sputnik.
Sur la Toile, Alain Youdjeu, 26 ans, célibataire et père d’un enfant, attire de milliers de visiteurs chaque jour. Un succès que ce fervent amoureux de la blogosphère attribue, comme en attestent les chiffres, non seulement à la qualité, mais aussi à la diversité des contenus sur ses différents supports.
«Aujourd’hui, voila-moi.com est assez bien référencé grâce à son contenu et enregistre environ 30.000 visiteurs tous les mois. Mais nous avons aussi créé des déclinaisons sur les réseaux sociaux, telles que “On Joss De Zik”, qui est une page dédiée à l’actualité musicale sur Facebook. Nos contenus et émissions touchent environ 100.000 internautes tous les mois», se félicite l’e-influenceur.
«Depuis 2017, nous organisons des conférences dans lesquelles je forme au blogging en réunissant des professionnels de la communication digitale autour de thématiques. Ce fut le cas avec les Blogging Sessions en 2017, lors de divers ateliers organisés avec l’association des blogueurs. En 2019, j’ai mis sur pied l’évènement Blog Talk Show pour permettre aux professionnels de la communication de dialoguer avec des entreprises», explique Alain Youdjeu.
«Oui, on peut dire que je suis devenu un influenceur sur le Web et je dirais même que j’en fabrique dans notre contexte. En tant que consultant, je développe des stratégies de marketing innovantes qui intègrent le marketing d’influence. C’est le cas avec des projets tels que “Communauté Spécial” de UCB #MonPari2019 pour PMUC et bien d’autres», détaille-t-il au micro de Sputnik.
La naissance d’une passion
«J’ai eu mon premier contact avec le blogging en 2010 lorsque je faisais du rap. J’utilisais la plateforme Skyrock où un ami, Dickson Kondo, m’avait créé un profil [Skyblog, ndlr]. Mais le déclic a vraiment eu lieu en octobre 2015, lorsque j’ai participé au “Forum des Blogueurs”, organisé par Élodie Crescence. À cette époque j’avais envie de m’exprimer et de partager avec les autres. Je me suis donc lancé en 2016», se souvient Alain Youdjeu.
Après un bref passage en tant que contributeur sur mondoblog, une plateforme de blogging qui réunit les blogueurs francophones du monde entier, Alain Youdjeu gagne en expérience. Dès lors, la détermination du blogueur débutant sera sans égale et les récompenses, nombreuses, ne vont pas tarder à pleuvoir.
Sacré «meilleur blog de l’année» à la Nuit du Web en 2016 avec www.voila-moi.com, Alain Youdjeu sera ensuite désigné deux fois meilleur blogueur francophone aux BDMA (Bonté Digital Media Awards) en 2017 et 2018. Des reconnaissances qui ne doivent toutefois pas masquer la réalité plutôt morose du blogging au Cameroun, encore soumis à de nombreuses entraves, estime Atome.
«Ce qui empêche le blogging de se développer au Cameroun, c’est avant tout, le manque de professionnalisme des blogueurs, qui font passer la recherche effrénée du profit avant la qualité des contenus. C’est aussi le manque de mises à jour et d’innovation. Il y a également l’absence de la constance pour bon nombre d’entre eux. Face à tout cela, il y a le public qui est parfois peu éduqué à la consommation de contenu et, enfin, la difficulté pour les blogueurs à gagner la confiance des annonceurs, qui eux-mêmes négligent encore ce secteur ou le minimisent carrément», explique le jeune entrepreneur.
Pour contourner ces obstacles au quotidien, l’e-influenceur se réinvente tous les jours. Car, pour lui, donner au métier de blogueur plus de profondeur et de consistance est une condition sine qua non qui doit avant tout faire appel à l’innovation.
«Aujourd’hui, l’écriture n’est plus la seule forme de contenu à exploiter. Et même là, la créativité devrait être de mise. Des contenus tels que le podcast, la vidéo, les graphiques, prennent de plus en plus de la place. Je pense que c’est surtout la capacité à innover en termes de concepts qui fera la particularité et la réussite d’un blog. De quoi captiver l’audience et la scotcher», martèle-t-il au micro de Sputnik.
Face à la pauvreté et à la précarité de l’emploi, le numérique offre aux jeunes camerounais un fabuleux espace d’expression et de nombreuses occasions de développer leur propre activité. Alors que le taux de pénétration d’Internet et le nombre de smartphones ne cessent de croître en Afrique, de jeunes entrepreneurs inventifs, comme Alain Youdjeu, ont su développer des activités digitales, non seulement pour partager leur passion, mais aussi pour faire face à la menace du chômage. Avec sa volonté de former les jeunes générations dès le plus jeune âge, il faut espérer qu’Atome finira par créer une galaxie.