Quelques centaines d'agriculteurs ont procédé le 23 septembre au soir à des actions «feux de la colère», incendiant palettes, bottes de paille et souches, afin d'exprimer le «malaise» du monde agricole, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs.
En Ile-de-France, des feux étaient allumés dans une demi-douzaine de lieux, dont deux dans le Val d'Oise, trois dans les Yvelines, et un dans l'Essonne, selon Amandine Muret-Beguin, céréalière, secrétaire générale des JA d'IDF-Ouest, jointe au téléphone par l'AFP.
«On a appelé ça les feux de la colère, mais aussi les feux du désespoir, pour faire ressentir le malaise ambiant qu'il y a dans la campagne, et cet acharnement qu'on peut subir au quotidien», a-t-elle déclaré. Selon elle, sur chaque site, une bonne vingtaine d'adhérents devaient entretenir les feux une bonne partie de la nuit.
En Essonne, Damien Greffin, président de la FDSEA Ile-de-France revendiquait une quarantaine de manifestants à Étampes, avec une dizaine de tracteurs et des feux de palettes allumés.
«Le monde agricole est stigmatisé au quotidien» et dernièrement, le projet de mise en place de zones de non-traitement (ZNT) destinées à protéger les populations contre les dangers potentiels des pesticides «a mis le feu aux poudres» , a expliqué Damien Greffin par téléphone.
Dans d'autres régions, des opérations du même type ont été organisées: dans la Marne, dès 17H00, deux manifestations ont eu lieu à Witry-les-Reims, sur la route menant à Charleville-Mézières, avec environ 70 personnes selon la FDSEA, et Sainte-Menehould, avec une dizaine de personnes.
En Haute-Garonne, des petits groupes devaient également allumer des feux à partir de 21H dans des champs proches de trois ou quatre communes rurales autour de Toulouse, selon Xavier Dayde, secrétaire général adjoint de la FDSEA 31.
Dans le Pas-de-Calais, à Coquelles, à l’approche du tunnel sous la Manche, environ 70 agriculteurs locaux avaient allumé un feu en plein champ et positionné une vingtaine de tracteurs autour d'un rond-point, sans bloquer les accès, a constaté un correspondant de l'AFP.
À Calais, une manifestation de même type, sans blocage ni heurts, se déroulait au rond-point proche de l'hôpital de la ville.
Les agriculteurs entendaient protester contre les ZNT, mais pas seulement.
«Ça a été la goutte d'eau. On se fait déjà pas mal attaquer quotidiennement sur nos pratiques, alors que le gouvernement admet qu'on a l'agriculture la plus durable au monde, donc c'est un non-sens», a indiqué Mme Muret-Beguin, aux abords de l'A13, dans le secteur de Mantes.
«Je pense qu'il y a une méconnaissance du milieu agricole», a-t-elle déploré, invitant les gens à «venir discuter dans les fermes, avec les agriculteurs».
«On ne compte pas bloquer, ce n'est pas l'objectif», a indiqué cette agricultrice des Yvelines, qui compte poursuivre ces feux «toute la semaine»: «après, s'il faut continuer, le désespoir est tellement présent qu'on continuera».