Pour le département américain à la Justice, l'autobiographie d’Edward Snowden «Permanent Record», «Mémoire vive» en français, constitue une «violation du contrat» qui le lie à ses anciens employeurs, la CIA et la NSA, qui lui reprochent notamment d'avoir publié ce livre sur le renseignement américain «sans leur avoir soumis le manuscrit».
«Mais que craignent-ils et quelle information veulent-ils protéger, quand sa majeure partie est déjà diffusée?», a demandé Joe Lauria, rédacteur en chef du site d'information Consortium News, s’adressant à Sputnik.
Et de rappeler qu’Edward Snowden avait déjà informé le public de «la surveillance massive des communications et d'Internet réalisée» aux États-Unis, notamment par la NSA, bien que cela soit «contre le quatrième amendement». Le lanceur d’alerte a toutefois déclaré que son «objectif ultime» était de retourner aux États-Unis à condition qu’un procès équitable lui soit garanti.
Pour les USA, Edward Snowden est toujours le plus grand criminel
Quoi qu’il en soit, le gouvernement américain refuse de le garantir, ce qui met à l’épreuve le métier de journaliste, selon Joe Lauria, citant à cette occasion les propos tenus par Edward Snowden lui-même lors d'une vidéoconférence à Berlin à l’occasion de la sortie de son livre.
«Les États-Unis m'ont considéré comme le plus grand criminel du pays, ce qui est fou, parce que le crime dont ils m'accusaient était essentiellement d'aider et d'encourager l'acte de journalisme», a notamment déclaré le lanceur d’alerte, évoquant ses fuites d'informations classifiées en 2013.
«L’illusion de la démocratie s’effondre»
Joe Lauria a aussi rappelé que Chelsea Manning était toujours en prison pour avoir refusé de témoigner au sujet de «ce qui semble être… de nouvelles accusations contre [le fondateur de WikiLeaks Julian, ndlr] Assange». Ce dernier devait être libéré le 22 septembre, mais restera derrière les barreaux jusqu'à l'audience du 25 février sur son éventuelle extradition vers les États-Unis.
«Après le 22 septembre, Assange reste en prison uniquement pour avoir publié de vraies informations. C’est une chose qui devrait alarmer tous les membres d’une société qui prétend être une démocratie. L’illusion de démocratie s’effondre quand on emprisonne ouvertement un journaliste pour publication d’informations. […] Une telle réaction n’est en fin de compte qu’un signe de faiblesse», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.
Edward Snowden, ancien employé de la CIA et ex-contractuel de la NSA, exilé en Russie depuis qu'il a dénoncé en 2013 la surveillance massive des communications et d'Internet dans son pays, est déjà inculpé au pénal d'espionnage et de vols de secrets d'État. Lanceur d’alerte pour les uns, traître pour beaucoup d’Américains, Snowden risque la prison à vie aux États-Unis.