Pourquoi les Tunisiens ont boudé l’élection présidentielle?

Au premier tour de la présidentielle tunisienne anticipée qui s’est tenu dimanche 15 septembre, la participation a été de 45,02%, un faible taux en regard des 64% du premier tour de la présidentielle de 2014. Beaucoup de Tunisiens ne se sont pas déplacés dans les bureaux de vote, même dans la capitale, a constaté Sputnik sur place.
Sputnik

Sept millions de Tunisiens étaient attendus dimanche 15 septembre aux urnes pour le premier tour de la présidentielle anticipée, dont la campagne avait été écourtée par la mort soudaine du Président de la République, Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet. Ce premier tour a été particulièrement marqué par une désaffection des jeunes. Sputnik s’est entretenu avec certains électeurs sur le terrain.

Passivité des jeunes

«La situation dans le pays est grave, et si les gens ne votent pas, elle sera encore pire. Je ne sais pas pourquoi les jeunes passent le temps dans un café et n’essaient même pas de changer quoi que ce soit. Même si on hait tous les politiciens, on peut choisir quelqu’un parmi les 26 candidats en lice. La passivité des jeunes est le plus grand danger pour l’avenir de la Tunisie», a déclaré à Sputnik Asia, habitante de Tunis de 49 ans.

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Pas d’espoir

Un autre électeur, Mohammed al-Mahri, a exposé son explication d’un tel comportement de la part des Tunisiens, et des jeunes en particulier:

«Ils n’ont pas d’espoir. Ces dernières années, ils n’ont vu qu’une corruption omniprésente. Tous ceux qui ont une instruction solide et des ambitions cherchent à quitter la Tunisie. […] Conscient de mon devoir de citoyen, je suis venu voter bien que je ne pense pas non plus que ces élections puissent changer quoi que ce soit».

Dans un café à côté d’un bureau de vote, Sputnik s’est entretenu avec Ahmed al-Harami, âgé de 33 ans, qui a préféré ne pas voter.

«Je fais mieux d’y rester au lieu d’aider des opportunistes quelconques. Qui pourra garantir que le gagnant remplira ses promesses? […] Rien ne changera, et même la révolution ne changera rien», a dit Ahmed.

Une révolution décevante

Karim al-Majri, âgé de 35 ans, a avoué à Sputnik qu’il regrettait avoir participé à la révolution du 11 janvier 2011.

«Elle nous a apporté la pauvreté, tout en en enrichissant d’autres. Quand j’ai compris qu’on nous avait menti, j’ai décidé de ne plus voter», a-t-il expliqué.

Aucun des 26 candidats à la présidence tunisienne n’a récolté plus de 50% des suffrages exprimés au premier tour. La Commission électorale centrale doit rendre publics les résultats préliminaires dès le 17 septembre. Initialement, l’élection présidentielle en Tunisie était prévue pour le 17 novembre prochain, mais le décès, le 25 juillet dernier, du Président Béji Caïd Essebsi a rendu nécessaire un vote anticipé. Pour l'heure, la date du second tour n'a pas été fixée.

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