Jean Messiha, membre du bureau national du Rassemblement national (RN), avait annoncé au mois d’août envisager une candidature aux élections municipales à Paris. Le Bureau exécutif du parti a tranché: ce sera Serge Federbusch, le président de l’association «Aimer Paris», qui partira défier Anne Hidalgo aux élections du printemps 2020 avec le soutien du RN. Un pari difficile pour l’ancien conseiller du maire et ancien directeur général de la Société d’économie mixte du Centre de Paris.
Sputnik France: Le RN vous a donc officiellement adoubé, êtes-vous soulagé?
Serge Federbusch: «Je n’ai jamais été véritablement inquiet, ce n’est pas dans ma nature, et il faut rester serein en politique. Je continue de penser que l’union fait la force, que l’ouverture est une bonne chose dans une ville comme Paris, où le contexte politique est difficile, largement déterminé par des considérations clientélistes ou une idéologie écologiste contre-productive, qui conduit à prendre des décisions contraires à l’environnement. La pollution recule partout grâce aux nouveaux carburants, à la voiture électrique, etc. sauf à Paris, tout simplement parce que Hidalgo créé des embouteillages dantesques et multiplie des effets de com’, des effets d’annonce.»
Sputnik France: Alors Jean Messiha va-t-il rejoindre votre équipe?
Serge Federbusch: «[Jean Messiha] n’avait jamais manifesté, avant cet épisode du mois d’août, un intérêt pour les questions de la ville de Paris. Je trouvais assez étonnant cette aventure en solitaire: une élection municipale, ce n’est pas une élection présidentielle uninominale à un ou deux tours! C’est un scrutin de liste: il faut plus de 500 candidats dans 17 circonscriptions! Tout cela ne se fait pas en claquant des doigts. Il ne m’a pas appelé, pour l’instant, il n’en est pas question et malgré tout, ce n’est pas une élection à deux, c’est une élection à 540!
On va vite oublier cet épisode que je considérais comme un peu inutile. Maintenant, nous sommes en ordre de bataille: je suis soutenu de manière très claire par le RN, ils seront tout à fait partie prenante dans la coalition qu’“Aimer Paris” va présenter aux municipales. Je crois que nous attirerons aussi les électeurs des Républicains dépités par le chaos dans leurs rangs –où certains vont à la gamelle macroniste, comme Pierre-Yves Bournazel [positionné au centre-droit, celui-ci a notamment proposé aux “candidats de ‘l’arc progressiste’ un débat sur le fond, sur les idées, pour permettre aux Parisiens de se réapproprier l’élection”, ndlr]. Nous, nous serons droits dans nos bottes, avec des propos très clairs: ni Hidalgo ni Macron, avec des propositions sur la sécurité, la circulation, la pollution.»
«Nous voulons créer des conseils de sécurité de quartier.»
Sputnik France: Alors, par exemple, une proposition sur la sécurité? Rappelons au passage que l’insécurité inquiète de plus en plus à Paris, avec par exemple une augmentation de 37% des vols à la tire entre 2018 et 2019.
«Anne Hidalgo, c’est autre chose, c’est un adversaire beaucoup plus coriace que toutes les marionnettes agitées par Macron sur la scène parisienne.»
Sputnik France: En face de vous, il y a le rouleau compresseur de la République En Marche, mais aussi Rachida Dati…
Serge Federbusch: «Le rouleau compresseur en marche? C’est plutôt un rouleau comprimé! Entre Benjamin Griveaux qui incarne le mépris et Cédric Villani qui ne connaît rien à la crise du logement à Paris, je suis assez serein: s’ils vont jusqu’au bout, ils feront entre 5 et 7% chacun! Anne Hidalgo, c’est autre chose, c’est un adversaire beaucoup plus coriace que toutes les marionnettes agitées par Macron sur la scène parisienne. Elle a un véritable appareil clientéliste, la sortir de la mairie sera la vraie difficulté. Je pense que les électeurs LR nous rejoindront, car nous sommes les seuls à incarner les valeurs qui leur tiennent à cœur.»
Sputnik France:Le Rassemblement national n’a atteint que 6,3% aux dernières élections municipales, est-ce vraiment un atout de partir en campagne avec eux, alors que le parti semble privilégier la défense de la «France périphérique» plutôt que celle de la métropole?
Serge Federbusch: «D’abord, 6,3%, ce n’est pas rien, loin de là! Ils ont des militants, des valeurs qui méritent d’être portées à Paris. C’est utile dans une dynamique qui nous permet de dépasser la barre des 10%, le seuil nécessaire pour se maintenir au deuxième tour. Il y aura deux listes à ces élections: la liste “Aimer Paris” et toutes les autres, qui vont toutes ânonner des inepties pseudo-écologistes. Hidalgo c’est mère écolo, Villani ce sera le super maire écolo, les écolos sont écolos, etc. Nous serons les seuls à dire des choses claires et concrètes: par exemple, créer des parkings dans Paris! Personne n’osera le dire ni proposer de rouvrir la circulation en semaine sur la rive droite parce que c’est le chaos dans le centre. Nos adversaires seront huit contre un, mais huit à se partager un électorat et nous serons seuls de l’autre côté. Pour ce qui est de LR, je ne sais même pas s’ils parviendront à labelliser des candidats, ce qui n’est pas une mince affaire dans l’état où ils se trouvent. “Aimer Paris” incarne la seule véritable alternative possible à Hidalgo.»