«Cela peut vous tuer en quelques secondes»: le Guardian alerte sur les algues vertes en Bretagne

Attirant à l’époque des milliers de baigneurs, six plages de Bretagne ont été fermées cet été à cause des algues vertes qui en se décomposant émettent de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique. Le quotidien britannique Guardian fait le point sur le problème.
Sputnik

S’approchant de cette plage de la baie de Saint-Brieuc, l’activiste André Ollivro met son masque à gaz. La raison: l'odeur nauséabonde d'œufs en décomposition provenant des algues vertes qui sont partout. Âgé de 74 ans, il est coprésident de l'association Halte aux marées vertes qui lutte depuis 2001 contre la prolifération de ces algues.

Les plages françaises sous la menace d’algues qui auraient déjà causé la mort de deux touristes

«Cela pourrait vous tuer en quelques secondes», explique M.Ollivro au Guardian en mesurant le niveau de concentration de sulfure d'hydrogène (H2S), gaz extrêmement toxique qui est libéré par les algues vertes échouées en décomposition.

Effectivement, les algues vertes sont suspectées d’être à l’origine de la mort de deux chiens en 2008, de 36 sangliers en 2011 et d’un joggeur en 2016.

«Quand j'avais 16 ans, j'apportais un bateau ici avec mon oncle […].À cette époque, tout était une question de beauté naturelle et vous ne voyez pas les algues s’empiler. C’est dommage que cet endroit soit devenu associé à la mort», explique-t-il.

Des algues vertes s’échouent sur une plage des Côtes-d'Armor, provoquant sa fermeture

Selon des écologistes, la prolifération des algues vertes est liée aux nitrates d'origine agricole dans les cours d'eau, ce qui est en plus aggravé par des conditions météorologiques et topographiques favorables. Cet été, six plages de Bretagne ont été fermées à cause d'abondantes quantités d'algues vertes.

Mur du silence

Interrogée sur le sujet par le Guardian, Inès Léraud, auteure d'«Algues vertes, l'histoire interdite», dénonce «un mur de silence depuis plusieurs décennies».

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«Environ 20 personnes meurent chaque année sur la côte, souvent emportées par les marées ou les courants, mais la question qui se pose est la suivante: certaines de ces personnes pourraient-elles s'être évanouies à cause du gaz toxique provenant d'algues avant d'être emportées? L’État n’a pas fait toute la lumière sur ces questions.»

Niveau de nitrates en baisse

Toutefois, il existe des tendances positives. Selon Thierry Burlot, vice-président de la région Bretagne chargé de l'environnement, ces dernières années, grâce aux initiatives de l’État, le niveau de nitrates dans les eaux de la baie de Saint-Brieuc a chuté de moitié.

«La Bretagne a environ 2.700 km de littorale dont seulement 5% sont touchés par ce phénomène d'algues […]. Il y a 15 ans, au pire moment, nous collections 30.000 tonnes d’algues par an sur certaines plages des Côtes-d’Armor. Maintenant, il y en a 10.000 par an. Nous sommes mobilisés pour faire plus», a-t-il expliqué au quotidien britannique.

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