Le journal canadien Le Devoir a publié une enquête dans laquelle il met en évidence l’accélération entre janvier et juillet 2019 des transferts d’argent depuis l’Algérie vers le Canada, notamment le Québec. Exploitant des données obtenues auprès du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada, le média affirme que pas moins de 78,6 millions de dollars ont été transférés.
«Pour les sept premiers mois de l’année, il s’agit de 10 millions de plus que pour l’année 2018 complète, mais également d’une croissance de 50% des transferts par rapport à 2017», expose le quotidien, précisant que «Cette année-là [2017, ndlr], 52 millions de dollars avaient été transférés au Canada depuis des institutions bancaires algériennes».
Selon l'auteur de l’enquête, la moyenne par transaction a augmentée par rapport aux années précédentes, et sa valeur donne également une idée sur l’identité des gens qui sont derrière ce mouvement suspect des capitaux.
Par ailleurs le journal indique que «le Québec est le principal point d’entrée de cet argent», où la diaspora algérienne y est particulièrement bien établie.
En plus de ce qui est transféré vers le Canada, Le Devoir affirme que depuis le début de l’année, «les mouvements d’argent depuis l’Algérie sont également en croissance […] vers d’autres pays, dont la France, la Belgique et la Suisse, où le blanchiment de ces sommes issues possiblement de la corruption passerait principalement par des transactions immobilières».
L’Algérie peut-elle récupérer l’argent détourné vers l’étranger?
Maître Hind Benmiloud, avocate à la Cour suprême et au Conseil d’État, a affirmé lors d’une conférence donnée au forum du quotidien El Moudjahid, à Alger, que l’Algérie disposait de l’instrument juridique approprié pour récupérer l’argent détourné ces dernières années et transféré à l’étranger.
La juriste précise que l’outil en question est la loi 01-06 relative à la lutte contre la corruption, inspirée «mot à mot» de la convention internationale en la matière.
À propos du secret bancaire, considéré souvent comme un obstacle au rapatriement depuis l’étranger de capitaux, l’avocate explique que depuis quelques années, celui-ci «cède devant les impératifs juridiques», y compris dans un pays comme la Suisse réputé pour cultiver le respect de la confidentialité bancaire.