Les canons à eau utilisés à Hong Kong, proviendraient-ils de France?

Les forces de l'ordre de Hong Kong ont eu recours pour la première fois à des canons à eau pour repousser les manifestants, toujours très nombreux. Elles avaient pourtant affirmé jusqu'ici qu’elles n’y auraient recours qu’en cas de «perturbation à grande échelle de l'ordre public».
Sputnik

Après des semaines de conflit, les tensions à Hong Kong sont montées d’un cran et les affrontements ont été particulièrement violents le imanche 25 août , le gouvernement autorisant même l'utilisation de canons à eau, une première pour l’ancienne colonie britannique.

«Des manifestants extrêmement violents ont dévié du parcours initial, obstruant les routes, vandalisant les magasins et les tunnels, lançant des bombes à essence, des briques et divers projectiles sur les policiers», a affirmé la police dans un communiqué repris par l’AFP.

Les forces de l’ordre avaient pourtant précédemment déclaré qu’elles n’emploieraient des canons à eau qu’en cas de «perturbation à grande échelle de l'ordre public».

Ni dans le registre militaire, ni dans les biens «à double usage»

Entre-temps, il s’est avéré que les canons à eau utilisés par la police hongkongaise avaient été vendus par une entreprise française. CheckNews de Libération a indiqué dès juin dernier que Hong Kong avait «bien acheté des camions antiémeutes lanceurs d’eau à une société française», ajoutant toutefois qu’«aucun véhicule équipé de canon à eau ne semble avoir été utilisé contre la foule lors des dernières manifestations».

Le South China Morning Post avait publié en mai 2018 un article intitulé «Premier coup d’œil au véhicule antiémeutes avec canons à eau de la police de Hong Kong à leur arrivée de France». En effet, au printemps 2018, des médias français avaient fait état de la vente par l’entreprise bretonne Sides de trois camions antiémeutes à un pays d’Asie non nommé. Pourtant, selon le fabricant du matériel, les caractéristiques du véhicule ne permettent de le classer ni dans le registre militaire, ni dans les biens «à double usage». Ce qui fait que son exportation ne relève ni du Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), ni du ministère de l’Économie, a expliqué CheckNews.

«Trois véhicules antiémeutes avec lanceurs d’eau» pour Hong Kong

Contacté par CheckNews, Frédéric Louis, PDG d’Armoric Holding, maison mère de Sides, avait confirmé «avoir produit et envoyé trois véhicules antiémeutes avec lanceurs d’eau à l’ancienne colonie britannique. La commande a été passée en 2016».

Le distributeur du matériel serait Zung Fu, entreprise basée à Hong Kong et spécialisée dans la vente de détail de Mercedes-Benz. «Ce qui laisse penser que la base de l’engin serait un châssis Mercedes-Benz, quoique Frédéric Louis refuse de le confirmer», avait indiqué Checknews.

Environ un million de personnes ont manifesté pendant plusieurs semaines à Hong Kong pour dénoncer un projet de loi pour autoriser l'extradition vers la République populaire de Chine dont l’ancienne colonie est une région administrative spéciale. Le projet a été suspendu dès la mi-juin, mais de nouvelles manifestations se sont tenues pour obtenir l’abandon définitif du texte.

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