Rencontre sur le Brexit: Macron et Johnson sont sur des «positions radicales»

Alors que le nouveau Premier ministre britannique, Boris Johnson, rencontre ce 22 août Emmanuel Macron, le Royaume-Uni peut-il arriver à un accord avec l’UE avant la date fatidique du 31 octobre? Éléments de réponse avec Jeremy Stubbs, président des Conservateurs britanniques en France.
Sputnik

Hier 21 août à Berlin pour rencontrer Angela Merkel, aujourd’hui à Paris pour parler du Brexit avec Emmanuel Macron. Boris Johnson n’en finit pas d’enchaîner les réunions avec les dirigeants européennes pour mener à bien la tâche pour laquelle il a été récemment désigné Premier ministre du Royaume-Uni: parvenir à quitter l’Union européenne, conformément au résultat du référendum sur le Brexit, il y a déjà trois ans. Theresa May s’y est cassé les dents, Boris Johnson y arrivera-t-il? Sputnik s’est entretenu avec Jeremy Stubbs, président des Conservateurs britanniques en France, qui se dit confiant dans la capacité du nouveau dirigeant britannique à faire face à un No-Deal.

Sputnik France: Les Britanniques sont-ils prêts à sortir de l’Union européenne le 31 octobre?

Jeremy Stubbs: «En ce moment, nous sommes en train de nous regarder en chiens de faïence. Il y a quelques escarmouches comme récemment l’échange entre Boris Johnson et Donald Tusk. Boris Johnson va échanger quelques vues avec Angela Merkel aujourd’hui et Emmanuel Macron demain, il n’y aura rien de définitif, rien de très important qui sera livré, en partie parce que du côté européen, on attend de voir si début septembre, le gouvernement de M. Johnson survit à une possible motion de censure au Parlement.»

Sputnik France: Quelle est la position du gouvernement français par rapport au Brexit?

Jeremy Stubbs: «Jusqu’à présent, ce que nous savons d’Emmanuel Macron, c’est que c’est lui qui a fixé la date du 31 octobre et il sera beaucoup plus radical pour la maintenir. Les Allemands seraient peut-être plus indulgents. Je crois que tous les États membres de l’Union européenne ont un objectif primordial c’est de protéger le marché unique. Le marché unique est la source de leur pouvoir, de leur force sur la scène mondiale, donc ils vont le protéger coûte que coûte

Sputnik France: Quelles sont les positions de Boris Johnson sur le Brexit? Est-il si radical qu’on le dépeint?

Jeremy Stubbs: «Il s’est engagé définitivement à ne pas accepter le backstop. On aurait pu penser au début qu’il prenait une position un peu extrême de négociations, en disant, je ne veux plus de backstop, mais là il s’est engagé publiquement tellement de fois, que c’est vraiment l’accord sans le backstop, ou la sortie sans accord du tout. Voilà la position dans laquelle il s’est mis.»

Sputnik France: Qu’est-ce que le backstop, ou filet de sécurité, le point d’achoppement le plus important dans les négociations?

Jeremy Stubbs: «Il y a deux backstops. Leur objectif est à la fois de protéger le marché unique, et l’accord du Vendredi saint entre les protestants et les catholiques globalement en Irlande. Il y a eu un premier backstop proposé par l’Union européenne, qui serait de garder l'Irlande du Nord très largement dans le système de l’Union européenne. Theresa May a répondu par un deuxième backstop qui serait d’inclure tout le Royaume-Uni dans ce système jusqu’à ce qu’un accord commercial soit négocié. Tout le problème pour l’accord de Mme May, c’est qu’il n’y avait pas de mécanisme clair de sortie de ce backstop pour le Royaume-Uni, ils ont donc rejeté le backstop. Mais à l’époque, au début de cette année, beaucoup auraient été prêts à accepter une limite dans le temps, c’est-à-dire quoiqu’il arrive le backstop pourrait prendre fin dans cinq ans, etc. Maintenant, la position de Boris Johnson est beaucoup plus radicale, il rejette toute idée de backstop. Selon lui, il faut trouver une approche alternative pour cette frontière tout de suite sinon il n’y a pas d’accord possible.»

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Sputnik France: Sortir de l’Union européenne le 31 octobre sans accord serait-il une catastrophe pour la Grande-Bretagne?

Jeremy Stubbs: «Difficile à dire, parce qu’il y a ceux qui disent que ce serait une catastrophe et ceux qui disent que non, ça ne sera pas un problème du tout. On avait l’habitude de qualifier le premier camp, à l’époque du référendum, de project fear, ou projet peur, en face on pourrait appeler ça, le projet zen. Qui a raison? Entre ces deux camps, c’est sûrement quelque part entre les deux, ce qui est sûr, c’est qu’il y a un très grand risque. Cela dit, Boris Johnson et son gouvernement sont prêts à faire face à ce risque

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