Après la polémique déclenchée, en Algérie mais aussi en France, par Tayeb Bouzid, le ministre algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, décidant de renforcer l’anglais dans les universités, c’est au tour du ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Belkheir Dada Moussa, d’annoncer une mesure similaire, a rapporté l’Algérie Presse Service (APS). Lors d’une visite de travail dans la ville de Constantine, dans l’est du pays, le responsable a affirmé que son ministère œuvrait à «intégrer graduellement les langues étrangères, l’anglais notamment, dans l’enseignement et la formation professionnels».
«L’intégration des langues étrangères, l’anglais en particulier, dans le programme de la formation permet de se mettre au diapason des avancées technologiques que connaît la scène nationale et internationale également», a-t-il précisé. «Le secteur de la formation et de l’enseignement professionnels participe activement à l’essor économique du pays en offrant des formations qui s’adaptent aux besoins du monde du travail», a-t-il souligné, annonçant la relance «prochaine» du baccalauréat professionnel.
Mettant l’accent sur les spécialités du futur, pour lesquelles l’anglais joue un rôle prépondérant, le ministre a noté l’importance de la numérisation du secteur de la formation professionnelle. Il a, dans ce cadre, mis en avant la mise en place de laboratoires de simulation, appelant à favoriser davantage la formation dans les techniques d’entretien, d’autant, a-t-il ajouté, que «l’Algérie intègre pleinement le domaine des industries lourdes».
Le ministre a insisté sur l’importance de développer les filières d’excellence: la mécanique, la pharmacie, les énergies renouvelables et l’agriculture, entre autres, indiquant que 48 centres de formation seront promus, incessamment, instituts nationaux spécialisés.
Le renforcement de l’anglais dans l’Université algérienne
Le responsable a souligné que «l’adoption de l’anglais dans la recherche permet une meilleure visibilité des travaux des chercheurs». Il a également soutenu que cette démarche, qui appuie l’étape de la validation de la recherche, est «un passage indispensable qui transforme l’expérience accomplie au laboratoire en fait scientifique», précisant que la mesure ne concerne que quelques spécialités et les classes doctorales.
Lors d’une autre conférence de presse à l’hôtel militaire de Constantine, tout en expliquant que l’anglais était une langue internationale, le ministre a souligné que sa décision était une réponse «à la demande des étudiants, qui veulent que leurs diplômes soient reconnus à l’étranger, au Japon à titre d’exemple», a rapporté le journal El Watan.
L’anglais dans l’Université française
L’ampleur de la polémique et de l’indignation que la décision du ministre algérien a suscité en France, notamment dans la presse, a été mise à mal par l’étendue de la présence de l’anglais dans les universités françaises. En effet, depuis 2015, la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche autorise l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur, y compris les universités, à proposer des formations en anglais.
Selon le site de l’agence Campus France, les formations suivies entièrement ou partiellement en anglais «ont augmenté de plus de 50% depuis 2014: elles sont aujourd'hui 1.328». «Et les universités sont de plus en plus nombreuses à proposer des formations enseignées en anglais; elles suivent progressivement le chemin déjà pris, avant 2015, par les grandes écoles et les établissements privés», informe le même site.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, le français est la langue dominante dans les universités algériennes concernant l’enseignement et la recherche dans les filières scientifiques et technologiques. La même situation subsiste dans le secteur de la formation professionnelle.