Bombardé au début juillet, le centre de détention pour migrants de Tajoura va être fermé. Deux autres centres, l’un situé à Misrata et l’autre à Khoms, près desquels se battent des factions rivales qui s’affrontent à l’ouest et au centre de la Libye, le seront également. Les trois camps sont sous l’égide du gouvernement d’Union nationale (GNA) de Tripoli, reconnu par l’ONU, et dirigé par Fayez el-Sarraj.
Cette décision a été annoncée vendredi 2 août par le ministre libyen de l’Intérieur, Fathi Bashagha, suite à l’attaque meurtrière de missiles imputée le 2 juillet aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque, non reconnu par la communauté internationale.
Le centre de Tajoura, situé dans la banlieue de Tripoli, est plus proche également des combats entre le gouvernement officiel de Tripoli et l’Armée nationale libyenne (ANL), basée à Benghazi. Celle-ci soutient le gouvernement de transition de Tabrouk, une émanation du Parlement de l’Est de la Libye qui, lui, n’est pas reconnu par la communauté internationale.
Depuis l’offensive du 4 avril aux portes de Tripoli, l’ANL du maréchal Haftar a annoncé son entrée imminente dans la capitale libyenne afin de «libérer Tripoli des milices qui la gouvernent», sans y être encore parvenu. Prolongeant ainsi la partition de facto de la Libye, un vaste pays qui regorge de pétrole, mais a été plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi et son assassinat en 2011.
Pour la plupart des observateurs, le risque d’une guerre civile n’a jamais été aussi fort en Libye et la question des migrants apparaît, du coup, sous un jour nouveau puisque ceux-ci peuvent servir de monnaie d’échange pour s’assurer du soutien de l’Occident ou, au contraire, de moyens de pression pour discréditer l’adversaire.
Qualifiées de «scandaleuse» par Ghassan Salamé, envoyé de l’ONU en Libye, et Michelle Bachelet, haut responsable des droits humains, les deux responsables onusiens ont estimé que ces frappes contre le centre de Tajoura, — au cours desquelles près de 50 migrants ont péri-, constituaient un «crime de guerre». D’autant que les coordonnées GPS exactes de ce centre, comme d’ailleurs celles des autres centres de détention de migrants, ont été communiquées de longue date aux belligérants pour éviter toute bavure à l’égard de ceux qui s’y trouvent.