Le nombre de personnes éborgnées par des LBD en France se compte par dizaines - photos

Suite à un incident en marge de la victoire algérienne en finale de la CAN, la police a de nouveau été accusée d’avoir éborgné une personne au lanceur de balles de défense, arme qui a mutilé à ce jour environ 40 personnes en France. Ce à quoi il faut ajouter une vingtaine de victimes par des flashballs et des grenades de désencerclement.
Sputnik

Les célébrations de la victoire de l’Algérie en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) ont pris le 19 juillet une tournure tragique pour Soufiane, jeune supporter des «Fennecs» à Lyon, qui, selon ses proches, a perdu un œil suite à un tir de LBD des forces de l’ordre.

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«À 20 ans, il perd toute sa vie. Elle est foutue en l’air à cause d’un policier. Il faut faire quelque chose», déplore un membre de sa famille au micro de France 3.

Lundi 22 juillet, le média a annoncé que l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) avait été saisie par le Parquet afin de déterminer si le jeune homme a effectivement été mutilé par un tir de LBD ou non. Quant à la direction centrale de la Sécurité publique de Lyon, elle affirme que l'incident se serait produit au cours d'une altercation entre les policiers et les supporters qui jetaient des pierres en leur direction.

Des dizaines d’éborgnés

Le cas de Soufiane s’ajoute aux dizaines d’autres cas d’éborgnements liés à l’utilisation des LBD par les forces de l’ordre. Selon le collectif Désarmons-les, qui publie des photos des victimes, environ 40 personnes ont été mutilées à cause de cette arme sublétale entre 2007 et le1er mai 2019. Il précise que la plupart des incidents sont survenus lors des manifestations des Gilets jaunes. Le collectif évoque également une vingtaine de personnes éborgnées par des  flashballs et des grenades de désencerclement.

L’ampleur des violences policières

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L’utilisation de LBD n’est qu’un cas particulier des violences policières dont l’ampleur est révélée par le nombre d’enquêtes confiées à l’IGPN. Selon les chiffres de Libération qui dit avoir consulté un décompte le 24 juin, la police des polices a été chargée de 281 procédures dont 184 ont été ouvertes par le Parquet de Paris. À cela s’ajoutent 103 enquêtes judiciaires ouvertes par la justice et confiées à des services locaux de police et gendarmerie ainsi que six enquêtes confiées à l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN). Ce qui donne un total de 390 enquêtes.

En outre, selon le ministère de l'Intérieur, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes au mois de novembre 2018, plus de 2.500 manifestants et 1.800 membres des forces de l'ordre ont été blessés.

Ce que les autorités françaises en pensent

Face aux protestations des défenseurs des droits de l’Homme, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, justifiait le 18 janvier l’usage du LBD par la nécessité d’éviter une augmentation du nombre des blessés.

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«Si vous supprimez les moyens de défense à nos forces de l'ordre, il leur reste quoi? Il leur reste le contact physique - et il y aura certainement beaucoup plus de blessés - ou il leur reste l'utilisation de leurs armes de poing qui est la solution ultime», a-t-il alors déclaré sur Europe 1.

Toutefois, l’usage des LBD a été officiellement condamné par une résolution du Parlement européen le 14 février 2019. Cette décision n’a pas été prise en compte en France. L’Onu avait aussi rappelé la France à l’ordre.

En outre, après l’acte 18 des Gilets jaunes le 18 mars, marqué par des violences entre les forces de l’ordre et des manifestants à travers le pays, Édouard Philippe a déclaré devant le Sénat que «les polémiques sur l’usage des lanceurs de balles de défense ont conduit à ce que des consignes inappropriées soient passées pour réduire leur usage». Il a alors promis de «renforcer la fermeté» de doctrine française de maintien de l'ordre en vue de futures mobilisations.

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Le maire de Lyon Gérard Collomb, qui a quitté son poste du ministre de l’Intérieur à quelques semaines du début de la mobilisation des Gilets jaunes, a estimé ce 30 juin sur Europe 1 que l’utilisation des LBD exigeait «une formation adaptée». Selon lui, vu le nombre de manifestants dans certaines villes, «il n’y avait pas toujours des gens aptes à pouvoir utiliser ce genre d’armes» qui sont dangereuses, «si l’on s’en sert sans formation».

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